L’Humanité – Éditorial
L’édito de Patrick Le Hyaric : « Séisme démocratique ! »
Aucun petit rafistolage ne permettra de faire face
aux violentes convulsions que provoque ce qui est
désormais appelé « l’affaire Cahuzac ».
Aucun discours moralisateur, aucune loi, aucune
promesse présidentielle répétée durant
les campagnes électorales n’ont ralenti l’apparition
de multiples scandales politico-financiers.
Au-delà de l’ignoble comportement personnel de l’ancien
ministre, il est clair qu’un système a permis qu’il vienne
s’ajouter à beaucoup trop d’autres. Une putréfaction
avancée est en cours. La consanguinité et l’inceste
permanent entre le pouvoir d’État, le monde des affaires
et les grands médias dominants éclatent au grand jour.
Ensemble depuis des années, ces puissants, arrogants, dominateurs et méprisants vis-à-vis des gens
de peu, du haut de leur compétence prétendument indiscutable, détricotent fil après fil les droits économiques
et sociaux au nom d’une pensée et d’une politique uniques. Cela ne vise qu’un objectif : satisfaire les appétits
de l’argent roi. Quand ils nous vantent les bienfaits de la « liberté totale de circulation du capital et
des marchandises », ils savent que plus de la moitié de la valeur de ce commerce passe par ces sociétés
financières installées dans les paradis fiscaux. Quand le ministre du Budget rabote les dépenses publiques
et sociales, il sait que s’il faisait rapatrier la valeur annuelle de la fraude fiscale, il n’y aurait aucun déficit
budgétaire. Fraudeur lui-même, il ne peut le faire.
Dans un tel climat, le gouvernement devrait prendre l’initiative de suspendre le débat sur l’accord
« flexibilité du travail » et consacrer le temps nécessaire à une discussion associant nos concitoyens sur l’état
de la République. Il ne le fait pas. Sur ce sujet comme sur les autres, la caste de l’oligarchie ment effrontément
en faisant croire que cela irait mieux si les travailleurs avaient moins de droits. Une nouvelle fois, ce n’est pas
le travail qui est sécurisé, ce sont les profits à venir. Le dénoncer est l’exact contraire d’un populisme brandi
désormais comme un ultime bouclier par tous ceux qui entendent, d’une manière ou d’une autre, défendre
un système à bout de souffle.
L’engagement contre la politique d’austérité et de chômage et pour une nouvelle démocratie ne font
donc qu’un. Toutes celles et tous ceux qui ont voulu, il y a un an, chasser M. Sarkozy du pouvoir peuvent à
nouveau aujourd’hui se rassembler dans un large mouvement contre la dictature des puissances financières
et pour une refondation démocratique de la République au service de l’intérêt général.
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Patrick Le Hyaric