L’Édito de l’Humanité : Côté cour, côté jardin
Posté par communistefeigniesunblogfr le 22 avril 2013
Édito : Côté cour, côté jardin
Par Jean-Paul Piérot
« La loi du bâillon imposé aux parlementaires est aussi
un très mauvais signal adressé au monde du travail »,
estime Jean-Paul Piérot dans l’éditorial de l’Humanité
de ce lundi.
Dans la rue, sous les projecteurs des médias, la droite,
toutes chapelles confondues, s’agite, s’époumone contre
le droit au mariage pour tous. Cette démonstration, dont
Paris fut hier une fois de plus le théâtre, présente pour elle
deux avantages.
En premier lieu, elle permet de fédérer, sur un sujet qui fait
consensus dans la partie la plus rétrograde de la société,
l’UMP, le FN et les satellites plus ou moins contrôlés gravitant
à leur périphérie. Que la majorité des Français soit favorable à ce nouveau droit, à ce progrès de la société,
n’est finalement pas l’essentiel pour les stratèges de la droite : cette grand-messe de la réaction prépare
l’opinion à d’autres alliances lors des prochaines échéances politiques, en premier lieu les élections
municipales de 2014.
Mais le second avantage de cette excitation printanière consiste à mettre en scène le spectacle d’une opposition
se présentant comme radicale et identitaire contre le gouvernement et le Parti socialiste. Des manifestations
répétées, avec si possible quelques images d’affrontements avec la police, donnent à peu de frais l’image
d’une opposition mobilisée. Cette radicalisation surjouée, qui encourage dans son sillage des actes de haine
et de violences, fait passer au second plan d’autres questions qui ne font pas controverse
avec le gouvernement. Et cela pour une raison simple, c’est que la droite n’a rien ou si peu à redire aux orientations
de l’exécutif en matière de politique économique et sociale. Ainsi va la droite, côté cour, côté jardin.
Le coup de force commis dans la nuit de samedi à dimanche par le gouvernement contre le débat sénatorial
sur le projet de loi de flexibilisation de l’emploi pour couper court à la discussion des amendements déposés
par le groupe communiste et par une partie des sénateurs socialistes et écologistes a été traité pour le moins
discrètement par les médias. Tout aussi discrètement, les sénateurs de l’UMP ont pu s’abstenir, pour permettre
son adoption, sur le texte du projet de loi inspiré et soutenu par le Medef. L’utilisation par le gouvernement Ayrault
de l’article 44.3, une mesure d’exception qui met fin à toute discussion, non pas contre l’opposition, mais contre
une composante de la majorité sénatoriale, n’est pas un acte anodin.
C’est un geste qui laissera des traces dans les relations entre l’exécutif et la partie la plus à gauche
de la représentation parlementaire.
La loi du bâillon imposé aux parlementaires est aussi un très mauvais signal adressé au monde du travail.
Comment un projet de loi sur la réforme du droit du travail, critiqué dans ses fondements par de grandes
organisations syndicales, peut-il être imposé à la hussarde par un gouvernement se réclamant de la gauche ?
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