Sannois : Le maire indigne et la vieille dame au tricot
par Laurent Mouloud
Cactus. L’histoire remonte au 4 décembre 2011.
Comme tous les
dimanches, Françoise Puyau-Puyalet a installé
son stand dans la galerie marchande du Monoprix de Sannois
(Val-d’Oise). Depuis six mois, cette retraitée de soixante-huit ans
essaie d’arrondir sa maigre pension de 500 euros en confectionnant
des tricots. Les clients lui fournissent la laine et elle tricote
pulls et écharpes sur fond de vieilles chansons françaises…
« Il y a beaucoup de retraités le dimanche qui se promènent ici, ce genre de musique, ça leur plaît », dit-elle.
Les habitués connaissent bien Françoise qui œuvre aussi à Argenteuil, devant le magasin Babou. Elle n’est
jamais avare d’un « bonne journée ! » aux chalands qui passent. Et il ne viendrait à l’idée d’aucun
des commerçants de venir chicaner l’agréable vieille dame.
Et pourtant, ce dimanche-là, Françoise voit débouler un homme en costume.
« Il m’a tutoyée d’emblée et, sans se présenter, m’a dit ‘‘dégage !’’ », assure
la retraitée. Outrée, Françoise réplique du tac au tac : « Je t’emmerde, salaud ! »
Mais voilà, en face d’elle, c’est Yanick Paternotte, le maire UMP de Sannois.
Le stand de Françoise se retrouve sous la pluie et la
retraitée en garde à vue,
avec prise d’empreintes et interrogatoire. L’élu, brandissant son arrêté anti-mendicité, ne compte pas
en rester là. Il porte plainte pour insulte, vente à la sauvette et se constitue partie civile.
Le procès a eu lieu le 14 mars dernier. Yanick Paternotte n’est pas présent à l’audience. Mais Françoise
se fait condamner : 800 euros d’amende avec sursis et 1 euro symbolique de dommages et intérêts.
Un verdict qui satisfait l’édile. « Il y en a marre de se laisser insulter impunément, a-t-il réagi dans le Parisien.
On lui avait déjà proposé de régulariser sa situation en intégrant le stand d’une association caritative.
Elle avait refusé. » Françoise le conteste. « En six mois, je n’ai vu qu’un monsieur qui est venu me dire que,
tant que je ne troublais pas l’ordre public, c’était OK. Et puis, je n’aurais jamais parlé comme ça s’il avait été
poli et si j’avais su qui il était. Moi, j’habite Argenteuil, je ne connais pas le maire de Sannois. »
Il est vrai qu’en 2011, Yanick Paternotte n’avait pas encore fait la une des gazettes locales pour ses démêlés
judiciaires. En décembre dernier, l’élu, connu depuis pour avoir présidé l’éphémère « Conar », la commission
nationale des recours de l’UMP, s’est fait lourdement condamner par le tribunal correctionnel de Nanterre.
Quinze mois de prison avec sursis, 10 000 euros d’amende et deux ans d’inéligibilité pour « abus de faiblesse »
envers une vieille dame de quatre-vingt-onze ans… Décidément. Une vieille dame avec qui il a su, cette fois,
se montrer suffisamment aimable – trop, selon la justice – pour obtenir d’elle une donation immobilière
d’une valeur de plus de 200 000 euros. Un verdict dont il a fait appel.
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