Goodyear : « Rien n’est gagné d’avance, mais les salariés sont toujours là, déterminés et prêts à agir. Et surtout à se battre pour une loi sur les licenciements boursiers
Posté par communistefeigniesunblogfr le 2 février 2013
RESTRUCTURATION
Goodyear :
l’usine qui résiste encore et toujours aux licenciements boursiers
Par Grégoire Souchay (1er février 2013)
Encore une. La multinationale Goodyear, à Amiens,
s’apprête à fermer son usine de pneus et à licencier
les 1 250 ouvriers du site, menaçant 4 000 emplois
indirects.
Une fermeture de plus, avec son lot de résignation ?
Pas tout à fait. Car chez Goodyear, cela fait cinq ans
que la fermeture est annoncée. Malgré les pressions
de la direction et son manque de considération
pour la santé des salariés, pas un licenciement, ni une baisse de salaire. Et ce, grâce à la résistance
collective des ouvriers. Pour combien de temps encore ?
« On entame notre sixième année de lutte, toujours victorieuse », lance Evelyne Becker, membre du Comité
d’entreprise. Dès 2007, cela s’annonçait pourtant plutôt mal pour les Goodyear. Le fabricant états-unien
de pneumatiques promet à l’époque l’investissement de 52 millions d’euros dans ses deux usines d’Amiens.
Un investissement conditionné à une réorganisation du travail et 400 licenciements. Les salariés se divisent :
à l’usine Dunlop, les syndicats et salariés acceptent le passage de cinq à quatre équipes (les « 4X8 »),
tandis qu’à Goodyear, la CGT, majoritaire, refuse de signer. Le bras de fer s’engage avec la direction.
À cinq reprises, elle va tenter des plans de licenciement. Trois seront suspendus par la justice, les deux
autres seront abandonnés suite à la mobilisation ouvrière.
La clef de cette persévérance ? D’abord la CGT, très puissante dans l’usine – 86% aux dernières élections
du personnel – et dont la ligne n’a pas bougé d’un iota depuis six ans. « On ne se bat pas pour obtenir plus
de fric dans le cadre d’un plan social, on se bat pour obtenir l’annulation du plan social et maintenir
nos emplois », explique Mickaël Wamen, l’un des leaders.
Le droit comme arme
Les Goodyear n’hésitent pas à recourir à des actions spectaculaires : occupation et blocage de l’usine, ou de
la zone industrielle, manifestation au Salon de l’Auto. Ils sont désignés comme « violents » ? Ils mettent en
parallèle la violence sociale qui leur est infligée. Et n’hésitent pas à jouer sur les symboles. En 2009,
les « Contis » – de l’usine Continental de Compiègne, aujourd’hui fermée – se joignent à eux pour un défilé
fraternel dans les rues d’Amiens.
Les salariés picards disposent d’un autre atout : le droit. Et en usent avec succès, sur tous les fronts. D’abord
contre les plans sociaux, qui sont successivement suspendus pour vices de forme, de procédure ou pour
absence de motif économique avéré. Mais aussi pour défendre leurs droits de salariés. « Les nouveaux qui
entraient dans l’entreprise n’avaient rien. Ni treizième mois, ni vacances », décrit Igor Maslonka, salarié depuis
1997, aujourd’hui délégué du personnel. La CGT s’attaque au problème et se porte en justice. En 2004,
la direction est condamnée à verser douze millions d’euros de dédommagement.
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