SUICIDE ET SACRIFICE Le mode de destruction hypercapitaliste (Jean-Paul Galibert)
Posté par communistefeigniesunblogfr le 29 janvier 2013
Le suicide fait presque trois fois plus de victimes que les accidents de la route.
Suicide et sacrifice, par Jean-Paul Galibert
En 1897, Émile Durkheim postule que le suicide est un fait
social à part entière. Il observe que les individus intégrés
sont davantage préservés que les personnes marginalisées.
Les guerres, les révolutions protègent du suicide
car le sentiment d’appartenance à la société est renforcé
par de grands enjeux.
Durant le XXe siècle, la période durant laquelle les Français se sont le moins suicidés fut la Deuxième Guerre
mondiale. Un des pays où aujourd’hui, on se suicide le moins est Gaza. Même en temps de paix, on s’est
toujours moins suicidé au Mali qu’en Suède. Un suicide se produit en France toutes les quarante minutes.
700 000 personnes ont mis fin à leurs jours depuis 1945. Deux fois plus qu’au Royaume-Uni, en Espagne
ou au Pays-Bas. Le suicide fait presque trois fois plus de victimes que les accidents de la route.
L’intérêt du livre de Jean-Paul Galibert – qui va toujours à l’essentiel – est d’établir une relation dialectique
entre suicide et hypercapitalisme, un mode de production qui préfère « détruire que produire ».
Détruire le travail, détruire les classes ouvrières, en exigeant de tous et de chacun qu’ils soient
« absolument rentables, c’est-à-dire qu’ils rapportent tout et ne coûtent rien. » Une des stratégies de
l’hypercapitalisme est la scotomisation du réel par des écrans qui nous donnent tout à voir, mais qui sont
seuls à donner à voir. En outre, nous sommes libres, à condition d’être vus en permanence par les écrans.
L’hypercapitalisme « capte et supprime toutes les existences ». Il nie les cultures, les authenticités
et les remplace par des images.
Ce qui n’est pas rentable est détruit. La production sera donc détruite puisqu’elle ne fournit pas
de dividendes à deux chiffres. L’hypercapitalisme a choisi d’investir dans l’hyperrentabilité des activités
commerciales ou publicitaires, touristiques ou spectaculaires, où le travail est dérégulé. Le travailleur qui
ne peut se conformer à ces nouvelles exigences sera lui aussi détruit, ou se détruira.
Une entreprise rentable détruit du salaire en licenciant, en délocalisant, en infligeant des plans dits « sociaux ».
Le travailleur qui perd tout est renvoyé à lui-même, à ses déficiences, à sa faute. Comme par un fait exprès,
les employés et les ouvriers se suicident trois fois plus que les cadres. La littérature de fiction est désormais
riche de romans policiers ou noirs, où des travailleurs se tuent ou tentent de tuer les autres
(http://bernard-gensane.over-blog.com/article-florilege-34-70…). Plus de solidarité, mais la quête du maillon
faible (« le plus faible » dans le jeu anglais d’origine, ce qui signifie que TOUS les maillons sont faibles).
Lorsqu’un employé de France Télécom se suicide, les survivants se réconfortent en se disant qu’eux, au moins,
ne sont pas morts.
Autre stratégie de l’hypercapitalisme qui tue, le principe de précaution : « rassurer pour angoisser ». L’individu
ne doit plus avoir peur de quelque chose, il doit être, de manière intransitive, dans un état permanent de crainte.
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