« Le modèle allemand s’est construit grâce à la déconstruction systématique d’acquis sociaux de plusieurs générations »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 22 janvier 2013
Ce mardi dans l’Humanité :
l’impasse au bout du modèle allemand
L’Allemagne, qui vient d’afficher une croissance
négative au quatrième trimestre 2012, est à un
tournant.
Elle commence à subir de plein fouet les effets
récessifs des réformes antisociales
des gouvernements Schröder puis Merkel.
Pour Francis Wurtz, député européen honoraire
du Front de gauche, dans un entretien croisé
avec Gregor Gysi, président du groupe
de la gauche au Bundestag :
« Le modèle allemand s’est construit grâce
à la déconstruction systématique d’acquis
sociaux de plusieurs générations ».
Extrait de l’entretien croisé :
En France, le modèle allemand est donné en permanence en exemple, cependant qu’en Allemagne
dirigeants de la CDU et du SPD s’érigent en juges de l’orthodoxie de la rigueur budgétaire.
L’Allemagne est-elle un modèle à suivre ?
Francis Wurtz. Cette notion de modèle allemand s’est construite dans une optique de classe. La référence,
c’est la politique initiée par le gouvernement Schröder (SPD) il y a une dizaine d’années et continuée
par Merkel. C’est-à-dire la déconstruction systématique d’acquis sociaux de plusieurs générations.
Ainsi, aujourd’hui en Allemagne il y a 7,5 millions de salariés qui doivent se contenter des « mini-jobs »,
d’un minimum de 15 heures de travail par semaine, payés 270 euros par mois¹. Des salariés pauvres
qui deviennent des retraités pauvres. Les conséquences pour les partenaires de l’Allemagne sont lourdes.
Le tout-export, fondé sur ces sacrifices demandés aux travailleurs allemands, se paye ensuite
par le chômage et les difficultés économiques dans les pays partenaires. Nous récusons le modèle allemand.
C’est tout le contraire qu’il faut faire.
Gregor Gysi. L’exemple allemand est mauvais pour l’Europe. De manière unilatérale, il place au centre
des préoccupations la compétitivité des États membres de l’Union européenne, qui ne peut être obtenue
que par la baisse des salaires et des pensions de retraite, une libéralisation du marché du travail
et la démolition des standards sociaux. Les Allemands sont les premiers à profiter d’une compétition ainsi
conçue. Le poids de leur balance commerciale augmente et c’est l’une des causes de la crise financière
de l’euro. Une telle politique ne favorise pas l’intégration mais une poursuite de la désintégration
au détriment des pays qui ne sont pas en capacité d’affronter une concurrence ruineuse.
¹ Alors que les pays les plus riches d’Europe ont une proportion de bas salaires autour de 6 ou 7%,
le chiffre monte à 22% pour l’Allemagne. (Source)
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