Ce mardi dans l’Humanité :
l’impasse au bout du modèle allemand

L’Allemagne, qui vient d’afficher une croissance
négative au quatrième trimestre 2012, est à un
tournant.
Elle commence à subir de plein fouet les effets
récessifs des réformes antisociales
des gouvernements Schröder puis Merkel.
Pour Francis Wurtz, député européen honoraire
du Front de gauche, dans un entretien croisé
avec Gregor Gysi, président du groupe
de la gauche au Bundestag :
« Le modèle allemand s’est construit grâce
à la déconstruction systématique d’acquis
sociaux de plusieurs générations ».
Extrait de l’entretien croisé :
En France, le modèle allemand est donné
en permanence en exemple, cependant
qu’en Allemagne
dirigeants de la CDU
et du SPD s’érigent en juges de l’orthodoxie
de la rigueur budgétaire.
L’Allemagne est-elle un modèle à suivre ?
Francis Wurtz. Cette notion de modèle allemand s’est construite dans une optique de classe. La référence,
c’est la politique initiée par le gouvernement Schröder (SPD) il y a une dizaine d’années et continuée
par Merkel. C’est-à-dire la déconstruction systématique d’acquis sociaux de plusieurs générations.
Ainsi, aujourd’hui
en Allemagne il y a 7,5 millions de salariés qui doivent se contenter des « mini-jobs »,
d’un minimum de 15 heures de travail
par semaine, payés 270 euros par mois¹.
Des salariés pauvres
qui deviennent
des retraités pauvres. Les conséquences pour les partenaires de l’Allemagne sont lourdes.
Le tout-export, fondé sur ces sacrifices demandés aux travailleurs allemands, se paye ensuite
par le chômage et les difficultés économiques dans les pays partenaires.
Nous récusons le modèle allemand.
C’est tout le contraire qu’il faut faire.
Gregor Gysi. L’exemple allemand est mauvais pour l’Europe. De manière unilatérale, il place au centre
des préoccupations
la compétitivité des États membres
de l’Union européenne, qui ne peut être obtenue
que par la baisse des salaires
et des pensions de retraite, une libéralisation du marché du travail
et la démolition
des standards sociaux. Les Allemands
sont les premiers à profiter d’une compétition ainsi
conçue. Le poids
de leur balance commerciale augmente
et c’est l’une des causes de la crise financière
de l’euro. Une telle politique ne favorise
pas l’intégration mais une poursuite
de la désintégration
au détriment
des pays qui ne sont pas en capacité d’affronter une concurrence ruineuse.
[Lire la suite]
¹ Alors que les pays les plus riches d’Europe ont une proportion de bas salaires autour de 6 ou 7%,
le chiffre monte à 22% pour l’Allemagne. (Source)