Crise : profits et bonus pour quelques uns, chômage et baisse des salaires pour beaucoup d’autres
Posté par communistefeigniesunblogfr le 18 janvier 2013
Une crise aux multiples dimensions :
profits et bonus pour quelques uns, chômage
et baisse des salaires pour beaucoup d’autres
Celles et ceux qui espèrent un changement de politique
de la part de nos gouvernements sociaux-libéraux ou
néolibéraux à la solde des grandes institutions financières,
des marchés et des grandes entreprises vont être déçus :
même au bord de l’abîme, nos décideurs resteront
inflexibles, la boussole rivée sur l’austérité tant l’attirance
pour un taux de profit maximal est forte et la croyance
aveugle en la sacro-sainte croissance immuable.
Nous savons pourtant par expérience – et à l’encontre
de la théorie du ruissellement qui veut que la croissance
se répercute mécaniquement du haut vers le bas
des couches sociales – qu’un retour à la croissance du PIB
|1| ne bénéficie pas à la grande majorité de la population. Il suffit pour cela de regarder l’extrême pauvreté
persistante en Afrique et dans les pays émergents. Mais qu’importe, les grandes institutions font et refont
sans cesse de nouveaux pronostics de croissance, tels d’inlassables bulletins météo de l’âge capitaliste,
sans égard pour l’inégalité sur laquelle elle se fonde.
M. Draghi, personnalité de l’année ou culte de l’arrogance ?
[...]
Salaires en baisse, chômage en hausse
Contrairement à ce qu’avance M. Draghi, tout indique
pourtant qu’un virage radical est plus que nécessaire
et urgent. Un récent rapport de l’OIT (Organisation
internationale du Travail, Rapport mondial sur les
salaires 2012/13) confirme l’aggravation de l’inégale
répartition des richesses produites, la part revenant
au Capital continuant d’augmenter au détriment de
celle revenant au Travail :
« La tendance mondiale a entraîné un changement dans la distribution du revenu national,
la part des travailleurs baissant tandis que les parts du capital dans le revenu augmentent
dans une majorité de pays. ». Au niveau mondial, « Les salaires moyens mensuels ajustés pour tenir
compte de l’inflation – ce qu’on appelle les salaires moyens réels – ont augmenté globalement de 1,2
pour cent en 2011 ». Si on ne tient pas compte de la Chine, « les salaires moyens réels n’ont augmenté
que de 0,2 pour cent au niveau mondial en 2011 ».
En Europe et au Moyen Orient les salaires ont baissé depuis 2008 alors qu’ils ont continué d’augmenter
pendant la crise en Amérique latine et en Asie. Les pays européens, sous recommandation du FMI,
réduisent les salaires réels alors que cela diminue la demande des ménages et contracte l’économie.
En 2011, ils sont en baisse de 0,6% en zone euro, les travailleurs britanniques ont vu leurs rémunérations
fondre de 3,5%, en Espagne elles ont chuté de 2% et de 1,6% en Irlande et en Italie. En Grèce, où le
chômage frappe désormais plus du quart de la population active, les travailleurs ont vu leur salaire réduit
de 6,2% en 2011 |4|. Le cas de la Grèce est important puisqu’il ouvre la voie au reste de l’Europe en
commençant par sa périphérie. Le 3 décembre 2012, une étude menée par deux syndicats grecs, ADEDY
et GSEE, a révélé que le pouvoir d’achat des Grecs avait été divisé par deux pendant les deux dernières
années, un Grec sur deux vit en deçà du seuil de pauvreté |5|.
Revenant sur le rapport de l’OIT cité plus haut, d‘une manière globale, « Entre 1999 et 2011,
l’augmentation de la productivité du travail moyenne dans les économies développées a été
plus de deux fois supérieure à celle des salaires moyens. » Comme l’explique Eric Toussaint,
cet écart permet l’augmentation du taux de profit de la classe capitaliste |6|.
Dans un rapport précédent paru le 15 décembre 2010, l’OIT précisait déjà :
« En Europe centrale et orientale, la croissance des salaires réels a baissé, passant de 6,6 pour cent
en 2007 à 4,6 pour cent en 2008 et à −0,1 pour cent en 2009 |7|. » La chute est vertigineuse !
Toujours selon l’OIT, le monde compte 30 millions de chômeurs en plus depuis le début de la crise en 2008
et parmi ceux qui ont un emploi, 900 millions de personnes perçoivent moins de 2 dollars par jour. Et c’est
en Europe là aussi que l’on trouve les plus fortes augmentations du taux de chômage : selon Eurostat, au
sein de l’Union européenne entre 2008 et 2012, ce taux est passé de 7,1% en 2008 à 10,6% au dernier
trimestre 2012.
En Espagne, le taux de chômage a bondi de 13,2% en octobre 2008 à 20,5% en octobre 2010 puis à 26,2%
en octobre 2012. A Chypre et au Portugal il s’est élevé de plus de 3 points en un an, de juin 2011 à juin
2012 il est passé de 8% à 11,7% et de 12,7% à 15,9% respectivement. En Grèce il a doublé en 2 ans
passant de 13,9% en octobre 2010 à 26% en septembre 2012 (il était de 7,8% en octobre 2008), 56% des
15-24 ans n’avaient pas de travail en septembre 2012, contre 22% en septembre 2008 |8|.
[Article complet sur Le Grand Soir]
Article original : http://cadtm.org/Une-crise-aux-multiples-dimensions
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