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« En 2013, le vocable de classe sociale n’est pas périmé » Jérôme Fourquet

Posté par communistefeigniesunblogfr le 9 janvier 2013

 

Sondage

Jérôme Fourquet : « La lutte des classes est un constat »

 

« En 2013, le vocable de classe sociale n’est pas périmé » Jérôme Fourquet  dans France lutteclas3Sondage Ifop-l’Humanité :

Estimez-vous qu’en France, à l’heure actuelle, la lutte des classes est une réalité ?

 

Au vu du sondage Ifop que l’Humanité publie ce mercredi, la lutte

des classes est une réalité bien vivante. N’en déplaise à Jérôme

Cahuzac, qui assénait à Jean-Luc Mélenchon lors de leur débat de

lundi soir :

« La lutte des classes, au fond, ça résume notre réelle divergence.

Vous, vous y croyez toujours et moi je n’y ai jamais cru ».

Pour le directeur du département opinion de l’Ifop, qui a mené

cette étude sur les Français et le lutte des classes, Jérôme Fourquet,

« la perception d’une société divisée en classes reste opérante ».

 

 

N’est-il pas surprenant 
de constater que le sentiment d’appartenance 
à une classe sociale 
ne recule pas ?

Jérôme Fourquet. Quand on voit ces chiffres, cela remet un peu en cause ce que l’on disait du déclin

de la conscience de classe qui allait avec le déclin du marxisme. Au milieu des années 1980, un Français sur deux

disait avoir le sentiment d’appartenir à une classe. Cette année, vingt-six ans plus tard, ces chiffres n’ont pas bougé.

Cette perception d’une société divisée en classes et de l’appartenance à une classe reste opérante. Cela, sans le

contredire, permet de remettre légèrement en question l’idée d’une montée des classes moyennes

qui marcherait de pair avec une société de plus en plus individualisée. Je pense que l’élément à retenir, c’est que

le vocable de classe sociale n’est pas périmé.

  • Question : Avez-vous le sentiment d’appartenir à une classe sociale ?

Le oui par catégories socioprofessionnelles

 

lutteclas4 classes sociales dans l'Humanité

 

C’est pourtant parmi les revenus relativement hauts que le sentiment d’appartenance semble

le plus prégnant…

Jérôme Fourquet. Cela n’a guère bougé depuis les années 1960. Les choses n’ont pas tant basculé qu’on

le dit après 1968. Mais attention, dire qu’on se sent appartenir à une classe sociale n’implique pas

la reconnaissance de la grille d’analyse marxiste de la société. Pour beaucoup de Français, ce sentiment

est celui d’appartenir à la classe moyenne. Et le sentiment d’un risque de dégringolade, de déclassement,

peut renforcer ce sentiment d’appartenance.

 

Compte tenu des résultats sur la question 
de l’appartenance à une classe sociale, 
les réponses

à votre question sur l’actualité de la lutte des classes sont surprenantes…

Jérôme Fourquet. À la veille de 1968, nous étions 20 points plus bas qu’aujourd’hui ! La lutte des classes

est un terme connoté au marxisme. Sans doute, cette doctrine a beaucoup perdu de son influence, mais

pour autant, l’idée d’antagonismes d’intérêts entre les groupes sociaux est très nettement majoritaire

aujourd’hui. Sans doute la crise n’y est-elle pas pour rien : une partie de la campagne présidentielle s’est

faite sur la fiscalité avec des propositions fortes (taxe à 75 %, salaire maximum…). Si l’idée de la lutte

des classes comme moteur historique 
de l’évolution des sociétés a perdu du terrain, l’idée qu’il y a des conflits


de classes se porte bien.

  • Question : estimez-vous qu’en France, à l’heure actuelle, la lutte des classes est une réalité ?

Le oui par catégories socioprofessionnelles

 

lutteclas5 Ifop dans PCF

 

Que peut-on conclure de cette progression ?

Jérôme Fourquet. Avec une acception qui n’est plus tout à fait celle du marxisme, la lutte des classes est

sans doute moins un fait qu’un constat. Certains peuvent reconnaître l’actualité de la lutte des classes pour

la regretter, comme quand on entend à droite que « la France n’aime pas les riches ».

La conclusion que nous pouvons tirer est que nous ne vivons pas dans une société apaisée. La crise a accru

les inégalités. Cela ne fait qu’aggraver les tensions. On retrouve cela politiquement en voyant une courbe en U

sur l’échiquier politique : l’existence de la lutte des classes est plus fortement reconnue aux deux extrêmes.

Entretien réalisé par 
Adrien Rouchaleou

Lire également :

Édito : la lutte des classes de retour dans le débat

 

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