Série « Banques – Peuples : les dessous d’un match truqué ! » (3e partie)
La plus grande offensive contre les droits sociaux menée
depuis la seconde guerre mondiale à l’échelle européenne
23 décembre par Eric Toussaint
La première partie de la série, intitulée
« 2007-2012 : 6 années qui ébranlèrent les banques »
a été publiée le 19 novembre 2012,
la seconde partie intitulée
« La BCE et la Fed au service des grandes banques privées »
a été publiée le 29 novembre 2012
Ne pas sous-estimer la capacité des gouvernants à mettre à profit une situation de crise
De manière régulière, les grands médias abordent les questions d’un possible éclatement de la zone euro,
de l’échec des politiques d’austérité en matière de relance économique, des tensions entre Berlin et Paris,
entre Londres et les membres de la zone euro, des contradictions au sein du conseil de la BCE, des énormes
difficultés pour trouver un accord sur le budget de l’UE, des crispations de certains gouvernements européens
à l’égard du FMI à propos du dosage de l’austérité. Tout cela est vrai, mais il ne faut surtout pas oublier
un point fondamental : la capacité de gouvernants, qui se sont mis docilement au service des intérêts
des grandes entreprises privées, de gérer une situation de crise, voire de chaos, pour agir dans le sens
demandé par ces grandes entreprises. Le lien étroit entre les gouvernants et le grand Capital n’est même
plus dissimulé.
A la tête de plusieurs gouvernements, placés à des postes ministériels importants et à la présidence de la BCE,
se trouvent des hommes directement issus du monde de la haute finance, à commencer par la banque d’affaires
Goldman Sachs. Certains hommes politiques de premier plan sont récompensés par un poste dans une grande
banque ou une autre grande entreprise une fois qu’ils ont accompli leurs bons offices pour le grand Capital.
Ce n’est pas nouveau mais c’est plus évident et régulier qu’au cours de 50 dernières années. On peut parler
de véritables vases communicants.
Considérer que la politique des dirigeants européens est un échec parce que la croissance économique n’est
pas de retour, c’est en partie se tromper de critère d’analyse. Les objectifs poursuivis par la direction de la BCE,
par la Commission européenne, par les gouvernements des économies les plus fortes de l’UE, par les directions
des banques et des autres grandes entreprises privées, ce n’est ni le retour rapide à la croissance, ni la réduction
des asymétries au sein de la zone euro et de l’UE afin d’en faire un ensemble plus cohérent où serait de retour
la prospérité.
Parmi leurs objectifs principaux, il faut en souligner deux :
1. éviter un nouveau krach financier et bancaire qui pourrait se révéler pire que celui de septembre 2008
(les deux premières parties de cette série ont abordé cet objectif qui sera à nouveau développé dans la quatrième
partie) ;
2. utiliser plusieurs armes (l’augmentation très importante du chômage, le remboursement de la dette
publique, la recherche de l’équilibre budgétaire, le fouet de la quête de l’amélioration de la compétitivité des États
membres de l’UE les uns par rapport aux autres et par rapport aux concurrents commerciaux des autres continents)
pour avancer dans la plus grande offensive menée depuis la seconde guerre mondiale à l’échelle européenne
par le Capital contre le Travail. Pour le Capital, il s’agit d’accroître encore la précarisation des travailleurs, de réduire
radicalement leur capacité de mobilisation et de résistance, de réduire les salaires et différentes indemnités sociales
de manière importante tout en maintenant les énormes disparités entre les travailleurs dans l’UE afin d’augmenter
la compétition entre eux. (…)
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