Rapport Gallois : compétitivité, un choc contre le travail
Posté par communistefeigniesunblogfr le 5 novembre 2012
Crise
Rapport Gallois :
compétitivité, un choc contre le travail (décryptage)
Depuis 2003, le montant des dividendes versés aux actionnaires dépasse
celui des investissements réalisés par les entreprises
La mise en œuvre d’un « choc de compétitivité »
par une baisse massive de cotisations sociales
serait une impasse économique.
Le but véritable de l’opération ?
Réduire la masse salariale pour mieux servir
le capital.
La crise appelle un nouveau mode de développement.
Décryptage avec l’économiste Nasser Mansouri.
- À qui profite la compétitivité ?
« La crise systémique en cours doit nous faire réfléchir. Pour reprendre une formule d’Einstein, on ne peut
résoudre les problèmes avec les modèles de pensée qui les ont engendrés. Nous sommes dans un monde
mondialisé où, sous la pression du capital et des firmes multinationales, l’élément essentiel est devenu la mise
en concurrence des travailleurs et des systèmes socioproductifs, des régimes de protection sociale, au bénéfice
des firmes multinationales.
La compétitivité renvoie à cette conception : il faut être plus fort par rapport aux autres. Mais qui va être gagnant,
qui sera perdant ? En regardant ce qui s’est passé au cours des trente dernières années, on voit que les gagnants
sont les détenteurs de capitaux et la partie la plus riche de la population partout dans le monde.
Et les perdants, les salariés, les sans-emploi, les retraités. Une régression, dans la mesure où
les richesses créées par le travail sont de plus en plus accaparées par les détenteurs de capitaux. Si on veut sortir
de cette crise, ce qui est en jeu, c’est de dépasser cette mise en concurrence des travailleurs et des systèmes
socioproductifs, et d’établir des coopérations permettant le développement et le progrès social partout dans le monde.
Plutôt qu’en termes de compétitivité, mieux vaudrait donc poser la question : quelle performance globale, ou quelle
efficacité économique et sociale pour répondre aux besoins qui s’expriment dans nos sociétés, en France, en Europe
ou dans le monde ? »
Capital, travail, qu’est-ce qui coûte vraiment
à l’économie française ?
« Les déterminants de la compétitivité sont de deux
ressorts : compétitivité coût et compétitivité hors coût.
Bizarrement, lorsqu’on parle de compétitivité coût,
le débat est focalisé sur le coût du travail. Or, il y a
deux facteurs de production : le travail et le capital.
Qu’est-ce qui coûte vraiment à l’économie française ? Si on prend le cas des entreprises non financières (industrielles
et de services), leur masse salariale a été multipliée par 3,6 depuis une trentaine d’années. Pendant ce temps,
la somme des dividendes versés aux actionnaires a été multipliée par 20. Si le travail était vraiment l’élément de
blocage de l’économie, il aurait fallu que le rapport soit inverse. Non, ce qui a coûté pendant ces trente années,
c’est le capital qui s’est accumulé et dont le coût s’est renchéri. Si on prend en compte les revenus de propriété versés
aux propriétaires, dont les dividendes, ainsi que les charges d’intérêts des entreprises, on voit la même chose :
ces charges augmentent beaucoup plus vite que les autres postes dans les comptes des sociétés. Et cela a un impact
négatif sur l’emploi et l’investissement : depuis 2003, le montant des dividendes dépasse les investissements
réalisés dans les entreprises.
Quant à la compétitivité hors coût, donc tout ce qui a trait à la qualification des travailleurs, à la recherche et
développement, à l’innovation, en France, ce sont des éléments de faiblesse. Par exemple, les dépenses de R&D
représentent 2,21 % du PIB, contre 2,8 % en Allemagne, 3,4 % en Suède, 3,9 % en Finlande, près de 3 % aux États-Unis
et 3,5 % au Japon. Rappelons que l’objectif de Lisbonne était de 3 %. »
Un choc contre la rémunération du travail
« Les cotisations sociales, c’est du salaire socialisé.
Quand le patronat demande un choc de compétitivité
en baissant de 40 milliards les cotisations, cela signifie
concrètement qu’il demande une baisse de salaires,
de la masse salariale, d’autant. Le coût sera reporté
sur les ménages, avec tous les effets négatifs que cela
induit sur la consommation, la demande intérieure,
et in fine la croissance économique. On nous dit
qu’il faut le faire pour affronter la concurrence.
Mais cette baisse de cotisations, le patronat la demande pour toutes les entreprises, tous les secteurs, même ceux
qui ne sont pas exportateurs et ne sont pas menacés par des concurrents qui viendraient de l’extérieur.
La concurrence est un prétexte : l’enjeu, en vérité, c’est moins pour le travail, plus pour le capital.
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