La lutte contre l’immigration, nouveau marché en vogue pour les sociétés de sécurité et d’armement.
Posté par communistefeigniesunblogfr le 30 octobre 2012
SÉCURITÉ PRIVÉE
Le business de la xénophobie en plein boom
Par Nolwenn Weiler (30 octobre 2012)
La lutte contre l’immigration est le nouveau marché en vogue pour les sociétés de sécurité
et d’armement. Dans un livre, la juriste Claire Rodier décrypte le boom
de cette « xénophobie business ». Où l’on apprend que les sociétés privées, appuyées
par la Commission européenne, investissent des dizaines de millions d’euros
dans des technologies anti-migrants, que GDF-Suez, via une filiale, gère des centres
de rétention… Entretien.
Basta ! : Lorsque le business de l’immigration est évoqué,
c’est le plus souvent pour pointer du doigt les « passeurs ».
Qui d’autre profite de la sécurisation des frontières ?
Claire Rodier [1] : Les discours des responsables politiques
sur les « affreux passeurs » sont une façon pour les États de se
dédouaner, comme si ceux qui font passer les frontières moyennant
finances étaient les seuls responsables de ce qui arrive aux migrants.
D’autres « acteurs économiques » profitent de ces politiques de contrôle des frontières, en particulier les sociétés
de sécurité. C’est un marché qui ne cesse de croître depuis plus d’une décennie. En 2009, le chiffre d’affaires
de la « sécurité globale » est estimé à plus de 450 milliards d’euros, ce qui représente une progression annuelle
de plus de 10% en moyenne. Aux côtés de la lutte contre le terrorisme et de la sécurisation des lieux sensibles,
comme les aéroports, on trouve la protection des frontières contre l’immigration désignée comme clandestine.
Les entreprises de sécurité organisent un « salon mondial de la sécurité intérieure des États »,
Milipol, en région parisienne. Le marché de la sécurité intérieure détrônerait-elle l’industrie
de l’armement ?
On observe un glissement progressif du marché de l’armement militaire vers le secteur civil, où le marché de
la lutte contre l’immigration est très porteur. Le salon Milipol a été organisé au départ par des entreprises
françaises, soucieuses de se doter d’un outil de communication à destination d’un marché en pleine expansion.
Leur objectif est de développer une véritable industrie européenne de la sécurité en mesure de concurrencer
les pionniers que sont les États-Unis et Israël. Lancé fin 2010, le projet Oparus rassemble plusieurs entreprises
européennes – BAE systems (Grande-Bretagne), Dassault Aviation (France), EADS (France et Allemagne),
Sagem (France), Thales (France) – pour élaborer une stratégie commune d’exploitation des drones
pour la surveillance des frontières terrestres et maritimes. Le projet est financé à hauteur de 1,19 million
par le département recherche et développement de la Commission européenne.
L’argent public finance donc des recherches privées, à but lucratif. Ce business est-il plus
largement soutenu ?
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