l’Humanité censurée, 1954-1962, un quotidien dans la guerre d’Algérie
Posté par communistefeigniesunblogfr le 8 septembre 2012
Mémoire
Les taches blanches livrent tous leurs secrets
Tous les articles de l’Humanité censurés par le gouvernement
pendant la guerre d’Algérie sont enfin réunis dans un livre coordonné
par la journaliste Rosa Moussaoui et l’historien Alain Ruscio.
L’année du cinquantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie ne pouvait s’achever
sans que l’Humanité prenne une initiative éditoriale majeure à la mesure de son combat
pour la vérité, mené au cours des huit années de crimes et de mensonges d’État qui se
sont écoulées avant que le peuple algérien pût accéder au plus essentiel des droits :
l’indépendance.
En nous replongeant dans les archives de la rédaction quand nous confectionnions
le numéro hors-série (mars 2012) Algérie, 50 ans d’indépendance, s’imposa
immédiatement l’idée de publier tous les articles (reportages, témoignages, éditoriaux…) qui ne parvinrent pas aux lecteurs d’alors.
Introduite dans le cadre de l’état d’urgence décrété à partir de 1955, la censure, « les ciseaux de Mme Anastasie » pour reprendre
l’expression en usage lors de la Première Guerre mondiale, a durement frappé l’Humanité. Notre journal fut saisi à 27 reprises
et eut à faire face à quelque 150 poursuites de l’État.
Un acharnement extraordinaire qui visait non seulement à empêcher le dévoilement de la réalité de la répression colonialiste,
mais aussi à en finir avec une presse qui bousculait le consensus politique et médiatique entourant les pudiquement nommés
« événements d’Algérie ».
Au total, la presse communiste, qui commit « le crime d’avoir eu raison trop tôt », disait René Andrieu, à l’époque rédacteur
en chef de l’Humanité, fut traînée devant les tribunaux 313 fois et fut frappée d’amendes de 53 milliards de francs d’alors.
La confrontation visuelle entre les pages composées au « marbre », prêtes à être livrées au rouleau de la rotative, et un journal troué
de taches blanches ou hâtivement recomposé donne au lecteur d’aujourd’hui une image de l’engagement de militants de la vérité
des journalistes, des ouvriers, des diffuseurs et des travailleurs du service de la documentation sans la vigilance desquels
ces articles auraient sans doute disparu. De ce choc ressenti est né l’ouvrage disponible à partir d’aujourd’hui dans les librairies
et qui sera présenté et vendu à la Fête de l’Humanité.
Ce sont donc à proprement parler des textes inédits qui ont été réunis dans ce livre, fruit d’un travail collectif coordonné
par Rosa Moussaoui, journaliste à l’Humanité, et Alain Ruscio, historien des mouvements anticolonialistes, qui a rédigé
une présentation de chacun des textes. Vingt-trois articles qui racontent au présent l’histoire en construction à plus d’un demi-siècle
de distance.
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