« Dans les hôpitaux en Grèce, on manque de tout »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 23 août 2012
Entretien avec Antonis Karavas, médecin dans le système public de santé grec :
« Dans les hôpitaux en Grèce, on manque de tout »
Entretien réalisé par Heike Schrader, pour Junge Welt avec Antonis Karavas,
médecin dans le système de santé publique en Grèce
Traduction WM pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Le système de santé public est aussi touché par les mesures d’austérité.
Quelle est la situation sur place ?
Avec la crise, le nombre de patients augmente. Les dépressions, suicides, la consommation de drogue ont explosé. Même
les pathologies physiques se sont développées. La Grèce n’a pas les structures publiques pour offrir des services de santé
de base. Nombre d’examens de contrôle ne sont ainsi pas pris en charge par l’assurance maladie. Avec la crise, la situation
financière de beaucoup de Grecs s’est aussi considérablement dégradée. Conséquence immédiate, on ne va voir le médecin
que lorsque la maladie a déjà atteint un stade avancé. Et au lieu de donner aux structures étatiques les moyens de protéger
et de soutenir ces personnes, on réduit continuellement les dépenses du système de santé.
A quoi ressemble concrètement la situation à l’hôpital ?
On manque de tout, les fournisseurs ne sont pas payés et n’assurent donc plus leurs livraisons. On manque de matériel
quotidien, de bandages, de désinfectants, même de nourriture que les proches des patients doivent désormais apporter
eux-mêmes à l’hôpital. Des opérations doivent être reportées faute de matériel. Une situation tragique au XXI ème siècle.
D’autre part, la corruption n’a pas cessé. Du matériel médical et des médicaments sont encore achetés à des prix
artificiellement gonflés. Des entreprises graissent la patte à des médecins pour qu’ils écoulent leurs produits.
Le gouvernement avait annoncé en 2010 son intention de centraliser l’achat des fournitures nécessaires
aux hôpitaux. Qu’en est-il advenu?
Rien. Ce serait une très bonne chose si les achats étaient centralisés. Au lieu de cela, chaque hôpital achète ce dont il a besoin.
En principe, les hôpitaux ne sont pas en mesure de réaliser des commandes supérieures à un million d’euros. Mais pour contourner
les contrôles, on découpe ces grandes commandes en ordonnances d’une valeur plus faible. Cela pourrait se passer autrement,
comme en Angleterre par exemple. On calcule combien de stimulateurs cardiaques sont utilisés chaque année en moyenne, et on
procède à un achat centralisé, ce qui permet d’avoir le matériel à un prix avantageux. Cela n’est pas fait, car cela supposerait rentrer
en conflit avec ceux qui tirent profit de la corruption et du clientélisme.
De nouvelles mesures d’austérité sont prévues, qu’en est-il pour le système de santé?
Avant tout, ce sont des hôpitaux qui vont fermer ou fusionner. Concrètement, il est prévu de fermer 50 des 132 hôpitaux du pays
pour des raisons financières.
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