Conférence sociale : En matière de démocratie sociale, il va falloir beaucoup plus que de la bonne volonté pour avancer !
Posté par communistefeigniesunblogfr le 10 juillet 2012
Éditorial Par Paule Masson
Bonne volonté à la conférence sociale
Dans l’éditorial de l’Humanité de ce mardi, Paule Masson revient
sur la conférence sociale et souligne qu’en matière de démocratie
sociale, il va falloir beaucoup plus que de la bonne volonté
pour avancer.
La nature des relations sociales est toujours le fruit d’une histoire. Et de ce point
de vue la France est singulière. Notre tempérament collectif est davantage
marqué par la culture du conflit que par celle du compromis. Beaucoup
s’empressent d’en faire une faute et de l’imputer aux syndicats. Mais s’en tenir à
cette explication ne fait pas vérité. L’histoire sociale est aussi celle
d’un patronat assis sur le ressort de la confrontation avec les syndicats, souvent
prompt à en réprimer l’activité, toujours réfractaire à la négociation
dès lors qu’il s’agit d’avancer sur des garanties pour les salariés.
Ce qui a été gagné a presque toujours été arraché, au prix de rapports de forces sociaux ou politiques obligeant le patronat
à plier, qu’il s’agisse des congés payés après la grande grève de 1936, de la spectaculaire augmentation du salaire minimum
en 1968 ou encore de la retraite à 60 ans en 1981. Le droit syndical, lui aussi a dû s’imposer. Avant 1968, le syndicalisme
n’avait pas droit de cité dans l’entreprise !
La question n’est pas de garder les yeux rivés sur le rétroviseur. Personne ne le souhaite. Mais en matière de démocratie sociale,
il va falloir beaucoup plus que de la bonne volonté pour avancer. En ouvrant les travaux de la conférence sociale hier, le président
de la République a présenté une feuille de route fondée sur un nouvel élan : « L’idée que je lance, a-t-il développé, c’est celle
du compromis positif, une idée qui permettra à notre pays de sortir par le haut des épreuves qu’il traverse. »
Avant lui, le premier ministre Jean-Marc Ayrault avait, devant l’Assemblée nationale, souhaité que s’impose « la culture de l’accord ».
Pour consacrer ce parti pris, assez largement apprécié hier par les participants de la conférence sociale, il est question de
graver le dialogue social dans le marbre de la Constitution. Attention pour autant à ce que cette intention généreuse n’amène
pas à bouleverser la règle qui fait qu’en France la loi s’applique à tous de manière égale et qu’elle prime, dans la hiérarchie
des normes, sur le contrat, c’est-à-dire, les accords négociés. Ne plus être soumis à des règles qui lui imposent un salaire
minimum, une durée légale du travail ou encore encadrent les licenciements : le patronat en rêve.
Le chantier est immense car la République elle-même n’est pas exempte d’une histoire qui a construit une démocratie fondée
sur la suprématie du politique. Mais la démocratie boite aujourd’hui. Elle est malade d’une dérive, largement entretenue
par la droite, qui la réduit à sa plus simple expression : voter. Entre les scrutins, on est prié d’attendre le prochain. Beaucoup
d’espaces sont à investir pour redonner à la citoyenneté ses lettres de noblesse.
Aujourd’hui, par exemple, les salariés sont privés de parole sur tout
ce que le patronat considère comme sa chasse gardée :
les choix stratégiques des entreprises. Tout juste ont-ils le droit d’être consultés
quand le mal est déjà fait. Dans les petites entreprises, ils sont privés de tout
alors que pourraient s’inventer des formes de négociations territoriales
qui leur donnent voix au chapitre.
La question de la légitimité des acteurs se pose aussi. Une réforme
de la représentativité des syndicats, qui impose peu à peu l’obligation de
rassembler des majorités pour signer des accords, est intervenue.
François Hollande s’est engagé à réformer la représentativité patronale, qui laisse de côté tout le champ de l’économie
sociale et solidaire. Le Medef est aujourd’hui arbitrairement hégémonique, et tant que les groupes du CAC 40 ont
la mainmise sur la négociation, la méthode Hollande fondée sur la recherche de compromis à de grandes chances
de rester lettre morte.
le 10 Juillet 2012
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