Collectif LBO : Lettre ouverte à François Hollande
Posté par communistefeigniesunblogfr le 9 juillet 2012
« Activité syndicale : le crime du siècle ? »
(Collectif LBO)¹
Lettre ouverte à Monsieur le président de la République
François Hollande.
En ce jour de conférence sociale, nous nous félicitons
de votre initiative et de votre intérêt pour les revendications
syndicales ; parmi les thèmes abordés, celui de la démocratie
sociale nous paraît essentiel.
Notre Collectif a porté dès 2006 dans le débat public la question des LBO* ²
en France, attirant l’attention d’acteurs syndicaux, associatifs et politiques
sur la question centrale de la transmission des entreprises, et sur les risques
inhérents à ce type de montages. De multiples analyses comptables ont montré,
depuis, une déformation préoccupante de la répartition de la valeur ajoutée
dans ces sociétés, au profit des actionnaires et au détriment des salariés
et de l’investissement.
- La prise de participation des fonds d’investissement dans de nombreuses entreprises ne laisse
pas d’être inquiétante.
Rappelons qu’en 2006 déjà, les entreprises sous le contrôle des fonds d’investissement généraient près de 10% du PIB français,
contre 25% du PIB aux Etats-Unis. Cette forme de reprise d’entreprises représente un coût élevé pour nos finances publiques
par l’incitation fiscale octroyée et soutenue par les gouvernements précédents, qu’il s’agisse de la déductibilité des intérêts
de la dette LBO, de la niche dite « Copé » (évaluée de 4 à 22 milliards de manque à gagner pour l’État selon les sources),
du crédit d’impôt recherche astucieusement détourné de sa finalité, de subventions publiques sans contreparties peu contrôlées
et jamais remises en cause, voire même d’évasion fiscale.
A cet égard, il n’est pas inutile de relever que la Cour des comptes, dans son rapport sur la situation et les perspectives
des finances publiques remis récemment à Monsieur le Premier Ministre, préconise de réexaminer « les dispositions du régime
d’intégration fiscale des groupes de sociétés qui vont au-delà de la simple compensation des résultats bénéficiaires et déficitaires ».
M. Philippe Marini, président de la commission des finances du sénat, soulignait d’ailleurs, lors de la séance du 6 décembre 2011,
que le gouvernement de l’époque évaluait le rendement potentiel de l’écrêtement de la déductibilité des intérêts d’emprunt
par rapport au résultat fiscal d’une entreprise à 17 milliards d’euros. Ces 17 milliards, offerts gracieusement aux actionnaires,
pourraient utilement réintégrer les finances publiques en limitant le recours au surendettement des entreprises
dans les opérations de LBO.
- Vous recherchez des milliards, Monsieur la président ? Voilà où les trouver !
Au sein des entreprises sous LBO, le creusement des inégalités salariales, le faible niveau d’investissement, les destructions
inutiles d’activités et d’emplois qualifiés concourant à la désindustrialisation de notre pays, participent de préoccupations majeures
pour notre économie, alors qu’investisseurs en capital et banquiers se partagent les fruits de ces opérations déstabilisantes.
Ainsi, les entreprises sous LBO font régulièrement la une de l’actualité tout comme le « mur de la dette LBO » révélé par
l’économiste Nouriel Roubini rejoint maintenant par la plupart des analystes financiers. Vous-même êtes intervenu, durant
la campagne présidentielle, en soutien de salariés confrontés à cette logique de financiarisation outrée de l’économie. S’agissant
de la dette LBO, elle présente un risque majeur d’explosion de nature « systémique » dès 2013-2014 !
- Donner toute sa place à l’action syndicale et aux comités d’entreprise.
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* LBO : de l’anglais « Leveraged Buy Out », opération financière de rachat d’entreprise à crédit
¹ Créé à l’origine par des militants de la CGT, le Collectif LBO est une organisation qui milite activement contre la financiarisation de l’économie. Depuis 2006, de nombreux spécialistes (économistes, sociologues, avocats, magistrats, auteurs, universitaires, etc.) ont rejoint le Collectif pour partager leurs compétences au sein de groupes de travail. Le Collectif LBO a acquis une légitimité ; il bénéficie aujourd’hui d’une reconnaissance qui ne cesse de grandir auprès de syndicats, d’associations, de responsables politiques et de citoyens, tant en France qu’à l’international.
² Qu’est-ce qu’un LBO ?
Il s’agit d’acquérir une entreprise « avec un effet de levier ». En clair, acheter une boîte en déboursant le moins possible de son propre argent mais en s’endettant via des montages financiers éventuellement très complexes. Les créances sont ensuite remboursées par les profits de la société acquise. Tout repose donc sur la rentabilité de l’entreprise rachetée et sur sa capacité à « faire remonter du cash »: d’où les restructurations qui accompagnent fréquemment les LBO menés par des fonds d’investissement afin de réduire les coûts de production et de dégager suffisamment de bénéfices. L’objectif pour le repreneur, quand il ne s’agit pas d’une reprise par le management ou les salariés, étant de céder l’entreprise dès qu’une occasion de plus-value se présente. (Source : lexpansion.lexpress.fr/economie/les-lbo-une-nouvelle-menace-sur-l-europe)
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Clip LBO
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