« Discours d’Ayraut : une forte attente »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 4 juillet 2012
L’Humanité :
Éditorial par Jean-Paul Piérot
Discours d’Ayraut : une forte attente
Pour Jean-Paul Piérot, qui signe l’édito de l’Humanité de ce mercredi,
Jean-Marc Ayrault a voulu rassurer l’électorat de gauche sur sa volonté
de rompre avec la politique de la droite. Mais sur les dossiers sociaux
les plus lourds, le Premier ministre est resté dans les clous trop serrés
du rigorisme de la chasse aux déficits.
En écoutant le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault, on pouvait mesurer
en écho la force des attentes sociales, de justice, de démocratie et de modernité
habitant toujours la majorité de Français qui a renvoyé Nicolas Sarkozy. Et il apparaît évident
que le nouveau premier ministre l’a mesurée lui-même en rédigeant son discours.
Il a beaucoup parlé d’espoir, comme s’il avait craint que les premiers actes
de son gouvernement, notamment son extrême timidité à augmenter le Smic, n’aient déjà écorné l’espérance des hommes
et des femmes qui avaient le plus intérêt – un intérêt vital – au changement politique. Aussi, sans revenir sur la politique
de rigueur, même s’il préfère parler d’effort, Jean-Marc Ayrault a voulu rassurer l’électorat de gauche sur sa volonté de
mettre en œuvre une politique qui rompe avec celle de la droite aujourd’hui rejetée en opposition rageuse.
En détaillant les prochaines mesures destinées à insuffler de la justice dans la fiscalité, en frappant « ceux qui ont été
exonérés des efforts collectifs », il satisfait une grande partie de l’opinion indignée pendant le quinquennat Sarkozy par
les privilèges accordés à la caste des riches (baisse de l’ISF, bouclier fiscal, heures supplémentaires défiscalisées,
droits de succession allégés…). En effaçant tous ces avantages spécial Fouquet’s et en introduisant de nouvelles tranches
de l’impôt sur le revenu, et une contribution plus juste des grandes entreprises (banques et pétroliers), le chef du gouvernement,
qui applique les 60 propositions de François Hollande, veut faire la démonstration que les efforts exigés pour tous seront
répartis proportionnellement selon les revenus de chacun.
Le discours confirme les promesses les plus emblématiques parmi toutes celles qui furent énoncées pendant
les campagnes électorales présidentielle puis législative : le droit de vote pour les résidents étrangers aux élections municipales,
les droits reconnus des couples homosexuels, l’abolition de la réforme antidémocratique des collectivités locales, l’introduction
d’une part de proportionnelle aux élections.
Mais, sur les dossiers sociaux les plus lourds, Jean-Marc Ayrault est resté dans les clous trop serrés du rigorisme de la chasse
aux déficits. Peut-on envisager par exemple que les 60 000 postes annoncés avec raison dans l’éducation pourraient
s’accompagner de l’hypothèse d’une baisse d’effectifs dans la santé ?
On déplorera la même insuffisance sur les retraites, où, malgré une avancée pour les travailleurs qui ont atteint leurs
annuités à 60 ans, il n’est toujours pas question de revenir sur l’ensemble de la réforme de Sarkozy contre laquelle s’est mobilisé
le monde du travail. Jean-Marc Ayrault assure vouloir inscrire le changement dans la durée. Sa portée dépendra pour une part
décisive sur l’empreinte qu’imprimera le peuple de gauche.
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