Quand prêt-à-porter rime avec précarité
Posté par communistefeigniesunblogfr le 26 juin 2012
Quand prêt-à-porter rime avec précarité
Béthune (Pas-de-Calais), envoyée spéciale.
Le salaire de Cherif Legbaa plafonne à 1 180 euros par mois.
Il complète ses revenus avec le RSA. Il revendique une hausse
d’au moins 100 euros par mois.
Coup de tonnerre au pays des corons. En grève vendredi, devant le magasin
Camaïeu de Béthune (Pas-de-Calais), Cherif Legbaa, quarante et un ans,
délégué syndical FO, raconte sa mésaventure, les poings serrés. « Quand je suis venu demander une augmentation
à la direction, on m’a dit que j’avais déjà le revenu de solidarité active (RSA) pour arrondir mon salaire ! »
« Le 5 du mois, il n’y a plus rien »
Employé logistique depuis dix-huit ans à l’entrepôt de Roubaix, « la ville la plus pauvre de France », il plafonne à 1 180 euros
par mois. En complément, il bénéficie de 296 euros de RSA activité. « Certains collègues n’osent pas le demander. La dernière
fois que j’ai refait mon dossier à la caisse d’allocations familiales (CAF), j’ai côtoyé des personnes en grande difficulté. J’ai eu
le déclic, ça ne pouvait plus durer. » Son épouse travaille régulièrement en intérim dans le domaine médical. Quand elle est en
mission, Cherif perd son droit au RSA. « Avec un loyer de 600 euros, les impôts, l’essence, dans tous les cas, le cinq du mois,
il n’y a plus rien ! » explique-t-il en faisant de grands gestes.
Dans ce contexte, pas de vacances à l’horizon. Et les loisirs sont limités. En matière de shopping, le passage par la case
« soldes » est obligatoire. Pas question d’aller chez Camaïeu pour sa femme, « trop cher », précise-t-il. Dans un futur proche,
il aimerait changer sa vieille voiture pour continuer à aller à la mer avec ses deux enfants. Chérif n’admet pas que son travail
soit ainsi déconsidéré. Après des années au charbon, il connaît son métier sur le bout des doigts. « Je me lève tous les matins
à 4 heures pour aller aux entrepôts, je charge, je décharge, je vais dans les stocks, je n’ai même pas le droit à un salaire
décent, même pas à des chèques-vacances. »
1 milliard de chiffre d’affaires
En 2001, pour arracher le treizième mois de salaire, il se souvient avoir occupé l’usine une semaine en plein hiver. « Aujourd’hui,
on demande au moins 100 euros par mois, c’est pas la mort ! » lâche-t-il. Dégoûté, le syndicaliste tend un article daté de 2009.
Il raconte que l’ancien PDG du groupe, Jean-François Duprez, avait touché 23 millions d’euros de stock-options la même année.
« En 2011, on a fait plus d’un milliard de chiffre d’affaires, ça me file la nausée ! C’est honteux que le conseil général finance
notre RSA ! Pourquoi on n’irait pas plutôt demander de l’argent aux fonds de pension auxquels on reverse des millions de
dividendes ? »
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