L’espérance de vie des plus pauvres est-elle en train de reculer ?
Posté par communistefeigniesunblogfr le 7 juin 2012
INÉGALITÉS
Retraites :
l’espérance de vie des plus pauvres est-elle en train de reculer ?
La retraite à 60 ans pour celles et ceux qui ont commencé
à travailler très jeunes vient d’être rétablie par décret.
Mais les inégalités devant la mort – et donc la retraite –
demeurent : les ouvriers vivent en moyenne six ans de
moins que les cadres. L’espérance de vie sans incapacité
a diminué en France. En Allemagne, où les bas salaires
se massifient, les plus pauvres ont même perdu
deux ans d’espérance de vie alors qu’ils travaillent plus.
Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault doit décider avant l’été d’un décret pour revenir partiellement à la retraite à 60 ans.
Un premier pas. Car reculer l’âge de la retraite pénalise avant tout les ouvriers, qui vivent toujours moins longtemps que
les cadres, alors que l’espérance de vie continue à augmenter. Pire, en Allemagne, l’espérance de vie des travailleurs
aux salaires les plus bas a même eu tendance à baisser ces dix dernières années.
Le décret aménageant l’âge légal de départ en retraite vient d’être publié par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Il permet
à des salariés âgés de 60 ans, ayant commencé à travailler à 18 ou 19 ans, de partir en retraite à condition de réunir
166 trimestres cotisés. Cela concerne les personnes nées à partir de 1955. Un nombre limité de trimestres pourra être pris
en compte au titre du chômage et de la maternité. Ce retour partiel aux 60 ans était une promesse de campagne de François
Hollande. Selon la CGT, « il s’agit d’une décision marquante qui rompt avec les politiques menées partout en Europe » mais qui
« doit s’inscrire dans une dynamique de retour aux 60 ans pour tous » [1]. Car en Europe, l’espérance de vie ne progresse pas
pour tout le monde, loin de là.
En France, l’espérance de vie en bonne santé diminue
Reculer l’âge de départ à la retraite pénalise avant tout les travailleurs les plus pauvres, qui vivent moins longtemps que
les autres, alors même que l’espérance de vie générale continue d’augmenter. Une étude de l’Insee soulignait fin 2011
la constance des inégalités sociales face à la mort. Un homme cadre supérieur de 35 ans peut aujourd’hui espérer vivre
jusqu’à 82 ans. Mais un ouvrier du même âge a une espérance de vie de seulement 76 ans, soit six ans de moins [2].
L’écart entre cadre et ouvrier atteint même dix ans pour l’espérance de vie en bonne santé, qui a baissé de presque un an
en France entre 2009 et 2010 : 61,9 ans pour les hommes [3] (lire aussi notre article). L’écart est moins marqué
chez les femmes, avec trois années de différence d’espérance de vie entre cadres et ouvrières. Mais les disparités demeurent :
une ouvrière de 2012 est au même niveau qu’une cadre dans les années 1980.
Le risque de mourir plus tôt que la moyenne est aussi très différent selon les catégories sociales. Un ouvrier de 35 ans a,
par exemple, deux fois plus de risque de mourir avant 60 ans qu’un cadre du même âge (13 % de risque contre 6 %) [4].
Ces écarts restent les mêmes depuis un quart de siècle
(lire aussi : Toutes les 3 minutes, un salarié européen meurt à cause de son travail).
En Allemagne, l’espérance de vie des plus pauvres recule
En photo : Gaby a 78 ans. Il vit avec 480 euros de retraite. Il est bénévole au Comité du Secours populaire d’Avion
© Secours Populaire / Eric Prinvault
Notes
[2] Un cadre de 35 ans peut espérer vivre encore quarante-sept ans, contre quarante et un ans pour un ouvrier.
[3] De 62,7 à 61,9 ans pour les hommes, selon l’Ined.
[4] De même, un homme de 35 ans a 27 % de risque de mourir avant 70 ans s’il est ouvrier, 13 % s’il est cadre.
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