Austérité médiatique, austérité démocratique
Posté par communistefeigniesunblogfr le 25 mai 2012
DANGER !
Austérité médiatique, austérité démocratique
Par YVAN DU ROY
Là, une loi qui restreint le droit de manifester. Ici, des menaces de fermeture de médias dissidents.
En France, un vote en ligne dont l’intégrité n’est plus garantie. Ignorant ces atteintes aux libertés
fondamentales, la plupart des médias traditionnels reprennent leur ronronnement uniforme.
Restent les médias libres.
Trois lieux, trois évènements de nature différente, mais un même sentiment d’inquiétude.
Au Québec d’abord : après trois mois de contestation étudiante, contre l’augmentation
des droits de scolarité de 82 % sur sept ans, le vote par la majorité conservatrice
d’une « loi spéciale ». Cette loi restreint le droit de manifester, interdit les rassemblements
à proximité des établissements scolaires et universitaires, punit de très lourdes amendes
les individus ou associations y contrevenant. Et oui, nous sommes bien au Québec,
province francophone du Canada.
En Espagne ensuite, à Madrid même. Trois télévisions associatives locales sont menacées
de fermeture par le gouvernement régional, dirigé par le Parti populaire, la droite espagnole.
Là encore, de lourdes menaces d’amendes planent sur les propriétaires du bâtiment
qui abritent les studios des trois télévisions. Leur ton critique et leur soutien affiché
au mouvement des Indignés déplaisent au pouvoir en place. Pire : l’audimat des trois chaînes non commerciales progresse
depuis le début du mouvement, le 15 mai 2011. Il était bien temps d’éteindre ces canaux dissidents, capables potentiellement
d’insuffler un peu de subversion dans les esprits de 6 millions de Madrilènes (lire ici). Les chaînes qui s’en tiennent à fournir
« du temps de cerveau humain disponible » [1] pour le marketing ne sont pas inquiétées.
Médias libres
En France, enfin. Alors que les élections législatives pour les « Français de l’étranger » commencent aujourd’hui. 700 000 émigrés
de l’Hexagone sont appelés à élire 11 députés grâce au vote électronique par Internet. Un vote en ligne dont ni la confidentialité
ni la sécurité ne semblent garanties, comme le montre notre enquête. Toutes les manipulations sont possibles, alors que
l’ensemble du processus est géré par des entreprises privées. Imaginez un bureau de vote où s’afficherait l’avertissement
« fraude possible » et « secret de l’isoloir non assuré » – c’est pourtant bien ce que dit le gouvernement lui-même ! [2]. Et un bureau
de vote dont les assesseurs seraient les employés d’une filiale de la Société générale ou de Dassault System… Cela provoquerait
un tollé ! Eh bien non. Rares sont les médias qui, à l’instar de Basta ! (ou de Numerama), s’en sont fait l’écho (mis à part…
Le Figaro, qui, huit jours après la publication de notre enquête, s’en est largement inspiré).
Source : Basta ! 23 mai 2012
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