« L’avenir de l’Europe se joue en Grèce »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 24 mai 2012
L’avenir de l’Europe se joue en Grèce
« Le nouveau gouvernement français, qui se cantonne
dans un silence prudent, devrait affirmer haut et fort,
qu’il respectera les décisions du peuple grec, et rejettera
toute proposition d’exclure la Grèce de l’Europe ou de la
zone euro. »
Par Etienne Balibar, philosophe, Michaël Löwy, philosophe et sociologue et Eleni Varikas, professeure de science politique.
La situation de la Grèce en ce moment est sans précédent depuis la fin de l’occupation allemande en 1944 : réduction brutale
des salaires et des retraites. Chômage des jeunes à 50%. Entreprises, petits commerces, journaux, maisons d’édition en
faillite. Des milliers de mendiants et SDF dans les rues. Impôts extravagants et arbitraires et coupes à répétition sur les salaires
et retraites. Privatisations en série, sabordage des services publics (santé, éducation) et de la sécurité sociale. Les suicides
se multiplient. On pourrait continuer la liste des méfaits du « Mémorandum ».
En revanche, les banquiers, les armateurs et l’Eglise (le plus grand propriétaire foncier), eux, ne sont pas imposés. On décrète
la réduction de tous les budgets sociaux mais on ne touche pas au gigantesque budget de la « défense » : on oblige la Grèce
à continuer à acheter un matériel militaire de milliards d’euros chez ces fournisseurs européens qui sont aussi – pure
coïncidence – ceux qui exigent le payement de la dette (Allemagne, France).
La Grèce est devenue un laboratoire pour l’Europe. On teste sur des cobayes humains des méthodes qui seront ensuite
appliquées au Portugal, à l’Espagne, à l’Irlande, à l’Italie et ainsi de suite. Les responsables de cette expérience, la Troïka
(Commission européenne, Banque centrale européenne, FMI) et leurs associés des gouvernements grecs, n’étaient pas inquiets :
a-t-on jamais vu des cochons d’Inde, des souris de laboratoire, protester contre une expérimentation scientifique ? Miracle !
Les cobayes humains se sont révoltés : en dépit de la répression féroce menée par une police largement infiltrée par les néonazis,
recrutés au cours des dernières années, les grèves générales, les occupations des places, les manifestations et les protestations
n’ont pas arrêté depuis une année. Et maintenant, comble de l’insolence, les Grecs viennent de voter contre la continuation de
l’« expérience », en réduisant de moitié le score des partis de gouvernement (la droite et le centre gauche qui, à l’encontre de son
programme, a signé le mémorandum) et en multipliant par quatre le soutien à Syriza (coalition de la gauche radicale).
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