Détournement du 1er mai par la droite : une dérive inquiétante
Posté par communistefeigniesunblogfr le 29 avril 2012
Droite
L’historien Stéphane Sirot :
« Une forme d’instrumentalisation inédite dans l’histoire »
Stéphane Sirot pointe une dérive inquiétante, sans précédent, de la part
de la droite républicaine : la dénonciation systématique et violente
des syndicats.
L’opération politique consistant à détourner le 1er Mai n’est pas une
nouveauté dans l’histoire…
Stéphane Sirot. Ce qui n’est pas nouveau, c’est que le 1er Mai s’invite dans un processus
électoral. En 1936, entre les deux tours des législatives qui ont porté Blum au pouvoir,
il a déclenché la vague de grèves que l’on connaît. Le 1er Mai 1950, de Gaulle a organisé
un grand rassemblement à Bagatelle, avec un discours sur la question de la participation.
L’habitude prise par le Front national de se réunir le 1er mai pour fêter soi-disant Jeanne d’Arc
remonte au 1er mai 1988, lendemain de la présidentielle où Jean-Marie Le Pen avait fait près de
15 %. Et le 1er Mai 2002, on se souvient de ces manifestations au lendemain de la qualification de Le Pen pour le second tour.
Ce qui est beaucoup plus particulier, c’est qu’on n’a jamais eu cette forme d’instrumentalisation entre les deux tours de l’élection
par le candidat de la droite républicaine, organisant une espèce de contre-manif qui vise à être un contrepoids aux syndicats.
C’est inédit, et ça s’inscrit dans le contexte de la poursuite et de la radicalisation du discours que porte déjà, depuis le début de
sa campagne, Nicolas Sarkozy à propos de la dénonciation très violente du rôle des contre-pouvoirs, des syndicats en particulier,
et au lendemain d’un premier tour où le FN a fait 18 %. Cela me semble être une dérive inquiétante, surtout dans un contexte où
on sent bien que le champ politique français, particulièrement celui de sa partie droite, dérive vers une démarche à l’autrichienne.
Quand l’UMP se recommande de la défense du «vrai travail», cela n’évoque-t-il pas une période sombre
de l’histoire ?
Stéphane Sirot. Le dernier chef de l’État qui, en France, a cherché, de cette façon-là, à instrumentaliser le 1er Mai, c’est Pétain
en 1941 avec la « Fête du travail et de la concorde sociale ». Sans avoir besoin d’aller jusqu’à une comparaison historique, c’est
tout à fait logique puisque la démarche n’est pas tellement de s’inscrire dans une tradition – on n’est plus sous Pétain. Mais à partir
du moment où on veut attirer un électorat d’une extrême droite dont la rhétorique est volontairement marquée historiquement, alors,
on en arrive à tenir ce propos.
Ne faut-il pas rappeler l’origine historique du 1er Mai ?
Publié dans du 25 Avril 2012
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