l’Humanité des débats. Table ronde
Tout le monde pourra-t-il se soigner demain ?
avec André Grimaldi, professeur, diabétologue à la Salpêtrière. Françoise Nay, coordination nationale
des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité. et Jean-Paul Panzani, président
de la Fédération des mutuelles de France.
Rappel des faits. Alors que 20 % des Français renoncent aux soins
par manque
de moyens,
Nicolas Sarkozy promet,
si par malheur il était réélu, 13 milliards d’euros
d’économies entre 2013 et 2016 via
un Ondam (objectif national
des dépenses
d’assurance maladie) et, pour ce faire,
il propose la mise en place
d’une carte vitale
biométrique contre la fraude sociale.
Pour donner le change,
le gouvernement a pris un décret et un arrêté contraignant
les complémentaires santé
à rembourser les dépassements d’honoraires. Un coup
d’épée dans l’eau, selon les spécialistes, susceptible même de renforcer
le phénomène. À l’inverse,
le Front de gauche assure
qu’il veut rembourser 100 % des soins par la Sécurité sociale, supprimer
le forfait hospitalier et les franchises médicales… Comment garantir un système de santé plus égalitaire
dans notre pays ?
Qu’en pensent les acteurs
de la santé ? Trois acteurs
du monde de la santé répondent à ces interrogations.
Un décret et un arrêté contraignant
les complémentaires santé à rembourser les dépassements
d’honoraires des médecins spécialistes ont été publiés récemment. Cette mesure est-elle susceptible,
selon vous, de faciliter l’accès de tous aux soins ?
Jean-Paul Panzani. Les mesures imposées par le gouvernement ne vont en rien réduire l’écrasante facture
des dépassements d’honoraires à la charge des usagers et de leur complémentaire. Voilà pourquoi, avec les associations
de consommateurs et les organisations syndicales, nous avons condamné publiquement ces choix politiques. Nous sommes,
quant à nous, pour une réforme ambitieuse du mode de rémunération des médecins et pour la suppression du secteur 2.
Actuellement, les jeunes médecins, dès qu’ils ont les diplômes requis, s’installent dans le secteur à honoraires libres. Ce qui
était hier l’exception, dans certaines spécialités, devient la norme. La situation est encore plus dramatique dans la chirurgie
dentaire où, depuis une quinzaine d’années, l’assurance maladie a renoncé à rembourser tous les nouveaux actes comme
l’orthodontie ou l’implantologie. Cela ne peut plus continuer ainsi, sauf à se satisfaire qu’une partie importante de la population
renonce de plus en plus fréquemment à se soigner pour des raisons financières.
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