Le programme de Mélenchon est le plus économique de la campagne
De nombreux observateurs bien pensants nous expliquent que le programme du Front de gauche coûte
cher : Smic à 1.700 euros, constructions de logements sociaux, 500.000 places en crèche à financer,
rendez vous compte ! Par Julien Arlandis pour Agoravox.
Pour les comptables du dimanche, les crèches
sont toujours superflues pour les autres, mais
pas pour leurs propres enfants dont ils refusent
les souffrances d’une socialisation trop tardive.
Ils n’ignorent pas non plus le manque à gagner
du conjoint privé de travail et les ressources dont
il prive à son tour la collectivité. Pour ces raisons,
l’égalité de la petite enfance ne saurait constituer
un choix onéreux mais bien un investissement sur
l’avenir.
Les nouvelles crèches ne coûteront pas un seul centime de plus à la collectivité, car l’effort investi pour nos enfants
récompensera davantage la nation solidaire qu’elle ne pénalise la nation indigne qui les sacrifie. La lourde charge qui
pèse sur la société ce n’est pas celle de l’enfant chéri mais celle de l’enfant damné, et par récurrence celle du deuxième,
du troisième… et ainsi de suite jusqu’au dernier enfant laissé à l’abandon de son sort. Quelle épouvantable charge
morale que de priver un demi million de nouveaux nés de fraterniser avec leurs semblables ! Curieusement, cette facture-là
ne nous est jamais présentée en terme comptable, de quoi sérieusement effrayer une France qui renie depuis trop longtemps
son devoir de fraternité en abandonnant ses propres enfants dans la précarité.
La précarité est le fléau de la nation, c’est le regard d’autrui qui nous divise et le malheur qui nous guette tous. Sauf à considérer
que la précarité est le moteur d’une compétition dont les bénéfices finiraient par l’emporter sur les méfaits. Mais la combativité
de la jeunesse est éphémère, et le moment venu nul n’est garanti d’échapper à l’esprit de prédation de ses pairs surtout après
en avoir fait l’apologie. Peu leur importe aux chantres du libéralisme de glorifier les règles d’un système qui produit une majorité
de perdants sans la moindre garantie de pouvoir se relever. Et la première de ces garanties n’est elle pas de pouvoir accéder
aux besoins fondamentaux en toute circonstance ? Chaque être humain nécessite de boire, se nourrir, se laver, se chauffer,
d’habiter, se soigner… Ces besoins sont incompressibles en terme de coûts, celui qui creuse les dépenses de santé sur le long
terme est il celui qui se soigne ou celui qui n’a pas de quoi payer la franchise médicale ? Lorsque le revenu minimum ne permet
plus de vivre dans la dignité il n’y a pas d’autres solutions que de l’augmenter. Chaque euro de plus apportera à son bénéficiaire
la part de dignité indispensable au retour de la prospérité morale et économique de notre pays.
Comment ? Selon la théorie de la relance, l’augmentation du Smic peut générer le scénario suivant : ceux qui
bénéficient de la hausse de salaire consomment davantage, l’activité économique augmente mécaniquement, le chômage
diminue, les salaires de l’échelon suivant vont à leur tour augmenter et ainsi de suite… On peut aussi imaginer un autre
scénario moins heureux : les propriétaires augmentent les loyers et captent une partie des hausses de revenus pour grossir leur
épargne. Comme lors d’un lancement de fusée, l’échec n’est pas moins probable que le succès, il dépendra de la réactivité des
politiques à piloter intelligemment le plan de relance (par exemple en contrôlant la hausse des prix et des loyers).
[Lire la suite sur Place au Peuple]