Souffrance au travail : enquête « Sumer » ((Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels)
Posté par communistefeigniesunblogfr le 3 avril 2012
TRAVAIL
Surmenés, surveillés, surchargés :
le quotidien de 8 millions de salariés
Par Ivan du Roy
Intensification du travail, surveillance accrue des salariés par leur hiérarchie, pénibilités
physiques toujours très présentes… Tels sont les enseignements de la nouvelle étude
sur l’exposition aux risques professionnels que vient de publier le ministère du Travail.
Elle révèle un accroissement des situations de « tension au travail » dans un contexte
où le Medef, au nom de la compétitivité, cherche à remettre en cause nombre
de dispositions du droit du travail.
Les conditions de travail se dégradent-elles ? Quelles sont les contraintes et pénibilités
qui pèsent sur les salariés ? Et les risques encourus ? L’enquête « Sumer » (Surveillance
médicale des expositions aux risques professionnels) nous livre une photographie, bien
plus étayée qu’un vulgaire sondage, de la situation des 22 millions de salariés français.
Cette étude lancée par la direction générale du travail (DGT) et la Dares [1] est réalisée tous les 9 ans par 2 400 médecins du travail
auprès de 48 000 salariés du privé et du public.
Une fois n’est pas coutume, commençons par quelques aspects positifs. Il y a vingt ans, près d’un salarié sur trois travaillait plus
de 40 heures par semaine. Ils ne sont plus que 18 % aujourd’hui, grâce notamment aux 35 heures. Cette diminution du temps de
travail demeure cependant virtuelle pour un cadre sur deux, au bureau plus de 40 heures par semaine (48 % aujourd’hui contre
63 % il y a vingt ans). Dans les ateliers ou sur les chantiers, les contraintes physiques intenses baissent légèrement. Elles
concernent les personnes obligées de travailler debout, de porter des charges lourdes, d’effectuer des gestes répétitifs (le travail
à la chaîne, par exemple) ou soumis à des vibrations. En 1994, près de 46 % des salariés étaient ainsi régulièrement confrontés à
au moins une de ces contraintes [2]. Cette proportion descend en dessous de 40 % en 2010. Soit près de 9 millions de personnes.
Sans surprise, ce sont principalement les ouvriers, les employés de commerce et de service, le secteur de la construction et le monde
agricole qui sont les plus exposés, avec comme possible conséquence des problèmes de dos, des douleurs aux articulations et
des troubles musculaires. Seule l’exposition au bruit progresse : un salarié sur cinq travail dans un environnement sonore supérieur
à 85 décibels, soit le bruit d’un camion roulant à 50 km/h.
Intensification du travail
Malgré un recours de plus en plus grand aux molécules chimiques dans l’industrie, l’exposition globale aux produits chimiques
diminue depuis 2003. Un salarié sur trois est exposé à au moins un produit dangereux dans le cadre de son travail avec, en cas
de contact, des risques immédiats – brûlure irritation, réactions allergiques – ou différés dans le cas des cancérogènes. Ce qui
concerne quand même plus de 7 millions de salariés, là encore principalement des ouvriers qualifiés et non qualifiés.
Une « décrue » liée au « renforcement de la réglementation » depuis 2001, conséquence, entre autres, des grandes mobilisations
sur l’amiante.
Ces légères améliorations se font cependant dans un contexte d’intensification du travail. Contraintes de rythme, quantité de
travail excessive, polyvalence, objectifs irréalistes ou flous, ou instructions contradictoires se multiplient au sein des entreprises.
Le nombre de salariés soumis à au moins trois contraintes de rythme – lié à la cadence automatique d’une machine, à la
dépendance immédiate vis-à-vis du travail de ses collègues, aux normes et délais de production à respecter en moins d’une
journée, ou au contrôle permanent de la hiérarchie… – passe de 28 % à 35,5 %.
« L’intensité du travail est l’une des principales dimensions des facteurs psychosociaux de risque au travail », rappelle l’étude.
Et ce risque concerne 7,7 millions de personnes, aussi bien les ouvriers, les employés et les cadres. Travailler plus en moins
de temps, voilà un nouveau slogan…
Des salariés davantage surveillés
Source : Basta ! 26 mars 2012
Illustration ajoutée par nous
Pour consulter l’enquête Sumer sur le site du ministère du Travail.
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