Par Jacques Cotta
Environ 150 salariés de l’aciérie ArcelorMittal de Florange ont fait le déplacement de la
Moselle pour se rendre à Paris, jeudi 15 mars, afin de manifester devant le siège de
campagne de Nicolas Sarkozy. Au cœur de leur démarche, la question du travail, thème
toujours exploité par le candidat président, leur volonté d’échapper à la logique terrible
du capital qui casse l’emploi, rejette au chômage, lamine les salaires et en conséquence
l’ensemble des acquis sociaux, propose dans le meilleur des cas « Un CDD sinon Rien »…
Les ouvriers ont été chassés par les CRS, les boucliers et le gaz lacrymogène. Un comité
d’accueil qui suscite quelques questions de première importance sur l’orientation politique
du candidat président…
A l’Élysée pour parler emploi…
L’intention des ouvriers qui ont fait le déplacement était claire : débattre avec le sommet de l’état de l’avenir des hauts-fourneaux
de Florange à l’arrêt depuis plus de six mois. Après Gandrange où des engagements avaient été pris par le président de la
république avant d’être abandonnés, les ouvriers de la sidérurgie présents à Paris comptaient exploiter la période électorale
comme un moyen de pression sur le candidat encore président.
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« A froid, il s’engage, puis se dédit sans conséquence » lâchait un des sidérurgistes présents.
« Vous vous souvenez de Gandrange » ajoutait un autre. « Mais là, avec la pub de la campagne électorale, si on obtient un mot,
il ne pourra plus faire machine arrière, on le poussera jusqu’au bout ! », concluait un troisième… « Et quel que soit l’élu, il devra
respecter les engagements pris… ».
Désillusion
Rappel des faits présents dans la mémoire sidérurgiste : Alors que les salariés demandent que le groupe s’engage à redémarrer
les deux hauts-fourneaux de Florange, éteints depuis juillet et octobre, et à pérenniser ce site de 2.700 employés – plus de 4.000
en comptant intérimaires et sous-traitants, le président de la république est monté en première ligne le 1er mars pour annoncer
que « Arcelor Mittal redémarrerait l’un des hauts-fourneaux de Florange d’ici le second semestre de 2012 ». Mais quelques jours
plus tard, le leader mondial de l’acier précisait que rien n’était moins sûr, conditionnant tout redémarrage à la reprise économique…
Dans le contexte actuel, la douche froide était glacée…
*
Après l’intervention des CRS ce 15 mars devant le local du candidat UMP, les ouvriers étaient fous de rage. Quelques réflexions
laissaient paraître l’ampleur de la colère…
« Nous on se lève tôt le matin, et on nous reçoit comme ça ! Mais on vient juste pour pas crever, et lui il s’en fout ! » clamait un qui
pour la première fois avait fait ce type de déplacement.
« Ça fait quatre semaines qu’on fait grève, on n’a agressé personne et lui il nous gaze, le candidat du peuple! », déclarait un autre…
« Il nous fait dire rendez-vous lundi… Et puis quoi ! S’il voulait répondre il aurait été là. Quelle meilleure démonstration il pouvait
faire de son attachement au monde ouvrier que de nous recevoir et nous répondre… » concluait un autre.
La justification présidentielle
En déplacement à Suippes, dans la Marne, Nicolas Sarkozy a accusé la CGT, en particulier, d’avoir voulu une opération politique et
a dénoncé une « petite manœuvre ». « Les gaz lacrymogènes, ce n’est jamais bien, mais je ne suis pas décidé à laisser casser
qui que ce soit. Dans la République, on se comporte comme des républicains », a-t-il dit à la presse.
Mais qui voulait casser ?
Demander une entrevue pour défendre son emploi, son statut, son salaire, est-ce une démonstration de casse quelconque ?
Vouloir s’opposer à la casse du travail, de la sidérurgie notamment, parce que le groupe Mittal considère plus rentable pour lui,
sa famille et ses actionnaires de fermer Gandrange en jetant des centaines d’ouvriers et leur famille dans la misère, est-ce faire
preuve de violence ?
La violence qu’il faudrait combattre n’est-elle pas précisément celle qui rejette dans bataillons de travailleurs pauvres ces ouvriers
qui n’ont que leur travail pour vivre ?
Salauds de pauvres, salauds de syndicalistes, salauds, salauds, salauds…
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Lu sur : PCF Grésivaudan 17 mars 2012