Le texte instaurant le MES a été ratifié par 256 voix pour, 44 contre et 131 abstentions. Les députés ont ont également
ratifié le traité fixant les modalités de fonctionnement du MES à 261 pour, 44 contre et 133 abstentions.
Comme il l’avait annoncé, le Front de Gauche a voté contre.
Le PS s’est abstenu. Une attitude peu courageuse mais qui correspond bien à celle de son candidat qui, un jour,
prétend lutter contre les marchés et, quelques jours après, va les rassurer en disant qu’il n’est pas un candidat « agressif »
à l’égard de la finance !
Cette abstention montre bien que la renégociation annoncée par ce candidat, qui se dit de gauche, n’est qu’un ajustement
à la marge des propositions de ce traité mortifère.
Cette abstention qualifiée de « dynamique » (!!!) par Jean-Marc Ayrault, est un signe clair pour les électeurs. S’ils veulent un vrai
changement, ce n’est pas pour François Hollande qu’ils doivent voter mais pour Jean-Luc Mélenchon, le candidat du
Front de Gauche.
Video-mecanisme-de-stabilite-melenchon-met-la-pression-sur-chef-hollande
Mais une chose est sûre, « « Cela ne s’arrêtera pas là » , a prévenu Jean-Luc Mélenchon.
« On ne lâchera pas un mètre de terrain sur cette affaire-là. Il n’y a pas d’arrangement possible avec la droite. C’est non
à leur modèle de construction européenne ! »
« C’est une bataille qui commence et nous avons l’intention de ne pas lâcher cette bataille tant que nous n’aurons pas
mis en échec la mise en œuvre de ces traités qui sont extrêmement catastrophiques pour l’avenir de l’Europe
et de la France », a également indiqué Pierre Laurent, lors de la conférence de presse du Front de Gauche.
- Le Mécanisme Européen de Stabilité
ou l’ultime forteresse ultra-libérale
Extrait :
Considérée comme un mécanisme « infaillible » de solidarité européenne, censée favoriser la stabilité
de la zone Euro, cette organisation consacrera au contraire l’Europe ultra-libérale, celle d’une oligarchie
consciente de ses intérêts, qui se félicite sûrement d’un tel coup d’éclat.
Le constat est accablant : une organisation disposant d’un pouvoir sans entraves, dont les actifs, locaux
et employés sont intouchables et qui a le droit de faire payer n’importe quel État, sous 7 jours en échange
d’un plan d’austérité , quand ils le souhaitent, sans aucun recours futur. Un Conseil qui pourra accuser
sans devoir rendre le moindre compte à quiconque. Un véritable hold-up, au su et à la vue de tous,
qu’Hollywood pourrait envier à Sarkozy et Merkel en tête.
[Lire l’article]
Source : Site national du PCF 21 février 2012
- Pourquoi le « mécanisme européen de stabilité »
est une aberration
Extrêmement risqué du point de vue financier, destructeur sur le plan social, et antidémocratique,
le mécanisme européen de stabilité symbolisera-t-il le suicide de l’Europe et la fin
d’un demi-siècle de patiente construction et de progrès social ? Explications.
Le 21 février, l’Assemblée nationale se prononcera sur le
« Mécanisme européen de stabilité » (MES).
Voulu par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, ce complexe traité instaure
une sorte de FMI européen. Il aura « pour but de mobiliser des ressources
financières et de fournir, sous une stricte conditionnalité (…), un soutien
à la stabilité à ses membres qui connaissent ou risquent de connaître
de graves problèmes de financement ».
En clair, le MES devrait être en mesure d’avancer des fonds aux États
de la zone euro qui rencontreraient des difficultés pour emprunter
directement auprès des marchés financiers.
Les 17 États membres l’ont signé le 2 février. Reste à le ratifier…
Cela se fera-t-il dans l’indifférence générale ? Si le traité est combattu par le Front de gauche, le PS hésite à s’y opposer vraiment.
Europe écologie-Les Verts (EELV) demeure pour le moment discret sur le sujet mais semble s’apprêter à voter contre [1].
Le MES en tant que tel n’est pas un traité, mais une société financière, basée au Luxembourg, dont les actionnaires sont les
17 États de la zone euro. Le capital est fixé à 700 milliards d’euros. Plus un pays est fort économiquement, plus il est obligé
de souscrire un nombre important d’actions [2]. Les deux plus gros « actionnaires » sont ainsi l’Allemagne (à 27 %) et la France
(20,5 %), suivis par l’Italie (18 %), l’Espagne (12 %) puis les Pays-Bas (5,5 %).
Les 12 autres actionnaires possèdent entre 3,5 % (Belgique) et 0,07 % (Malte) du capital. Question préalable : la France devra-t-elle
donc débourser 142,7 milliards d’euros pour honorer ses engagements auprès du MES ? Pas en un seul chèque.
Le capital de chaque pays doit être mis à disposition dans les cinq ans, par tranche de 20 % par an (soit 28,5 milliards par an
dans le cas français, 38 milliards dans le cas allemand). Cependant, en cas de difficultés, les dirigeants du MES peuvent accélérer
le versement de ce capital [3]. Dans ce cas, les pays membres devront s’acquitter de la somme demandée dans les sept jours.
[...]
Antidémocratique, jouant le jeu des marchés et de la spéculation financière, portant en germes la destruction
du modèle social européen, le « Mécanisme européen de stabilité » trahit définitivement l’idéal sur lequel
s’est bâtie l’Union. Les prêts accordés sous la pression de marchés dérégulés ne serviront donc plus à construire
ou solidifier socialement et économiquement un pays, mais à détruire tout ce qui a été accompli.
Les députés français choisiront-ils cette voie suicidaire ?
[Lire l’article]
Source : Basta ! 20 février 2012
Auteur : Ivan du Roy
Source illustration ajoutée : PCF Grésivaudan
Voir les statuts du MES (en français)