Fernando Hernández Sánchez : « Guerre ou révolution. Le PCE dans la guerre civile »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 1 février 2012
Entretien avec l’historien espagnol Fernando Hernández sur le rôle
du PCE dans la guerre civile :
« Le PCE fut le meilleur des partis républicains de l’histoire du pays »
Entretien avec Fernando Hernández Sánchez, auteur du livre
‘Guerre ou révolution. Le PCE dans la guerre civile’
« Le PCE est devenu pendant la guerre le meilleur parti républicain de l’histoire de l’Espagne »
Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Mario Amorós / Le Monde Diplomatique (édition espagnole)
« Le PCE fut, sans aucun doute, une des colonnes maîtresses de la mobilisation de masse
pour faire face à l’effort de guerre à l’ère de la ‘guerre totale’. Il s’est érigé en pilier de l’effort
de guerre républicain, contribuant à rendre possible ce qu’aucune autre nation européenne
n’avait mis en œuvre avant elle : résister avec les armes à l’imposition du joug fasciste.
Il est resté loyal jusqu’à la fin envers le gouvernement Negrin, qui se proposait de mener
jusqu’au bout la bataille en sauvegardant la dignité nationale et les vies des combattants
engagés. »
Voilà une des conclusions que Fernando Hernández Sánchez (Madrid, 1961), docteur en
Histoire contemporaine pour l’UNED, expose dans la dernière partie de Guerre ou Révolution.
Le Parti communiste d’Espagne dans la guerre civile (Critica). Fruit d’un travail de plusieurs années,
avec un examen rigoureux de la documentation issu de neuf centres d’archives, de la presse de l’époque et d’une vaste
littérature citée en 979 notes, ce livre de 574 pages, très bien écrit, met fin à 70 ans de manipulations et de propagande
et est déjà l’œuvre de référence sur le sujet qu’il traite.
Auteur également du livre sur le dirigeant communiste Jesús Hernández et co-auteur avec Angel Viñas de l’indispensable
La Construction de la république. Hernández Sánchez, professeur à l’IES Sefarad de Fuenlabrada (Madrid) arrive à l’heure
à notre rendez-vous aux Archives historiques du Parti communiste d’Espagne.
Avec la proclamation de la IIe République, le PCE a retrouvé la légalité, mais est une force marginale.
Quelles raisons expliquent sa croissance dans la période suivante ?
C’est une histoire étonnante, le passage d’une position ultra-périphérique dans le système politique à une position centrale
dans une période très courte, et cela a beaucoup à voir avec la dynamique de ce moment historique. Sur le plan de la politique
communiste, il y eut plusieurs événements déterminants. D’une part, le remplacement en 1932 de l’ancienne direction qui restait
attachée à l’idéologie radicale « classe contre classe » et du « social-fascisme », qui était alors la ligne de l’Internationale
communiste, par la nouvelle direction de José Diaz, de la Pasionaria, d’Hernandez, d’Uribe… Et, d’autre part, le tournant d’une
très grande importance qui se produisit en 1935 avec le VIIe Congrès de l’Internationale communiste et la constitution des fronts
populaires. Le PCE a cessé d’être une force symbolique, qui entretenait un discours ultra-radical et idéaliste, pour adopter
des positions plus pragmatiques et se rendre plus visible pour la classe ouvrière, surtout à partir de la revendication
des événements d’octobre 1934 en Asturies.
Un parti ne conquiert pas seulement un espace politique parce qu’il le mérite, mais aussi parce que d’autres le lui cède.
Dans ce cas-ci, le Parti socialiste et Largo Caballero ont renoncé concrètement à se revendiquer de ce qui s’était produit en
Asturies, qui fut un exemple de résistance face à ce qui aurait pu être la mise en place d’un totalitarisme par la voie parlementaire,
comme cela finit par arriver en Allemagne ou en Autriche. En revanche, le PCE a développé une campagne très intense et efficace
d’agitation autour des prisonniers, de leurs familles, des orphelins… ce qui a commencé à en faire une force politique plus visible.
Que fut son rôle dans la naissance du Front populaire, créé pour les élections de février 1936 ?
La formation du Front populaire a bénéficié de ce changement de ligne politique des communistes à l’échelle internationale,
mais étant donnée l’influence limitée qu’avait alors le PCE, il reposait essentiellement sur l’alliance des républicains
et des socialistes. Dans le cadre de ce pacte, Largo Caballero a vu dans le rapprochement avec les communistes et les autres
forces de gauche une façon de faire contre-poids aux traits réformistes que l’aile centriste de son parti et les républicains
bourgeois désiraient imprimer au Front populaire. Comme il n’était pas assez fort pour lui apporter un contenu socialisant,
l’engagement fondamental du PCE dans ce pacte fut de garantir, par son travail de mobilisation et d’intensification de sa présence,
que son contenu réformiste soit mené à bien intégralement.
Dès les premières semaines de la guerre, le Parti communiste, qui avait créé le Cinquième régiment des milices populaires,
avait misé sur la formation d’une Armée populaire avec discipline et unité de direction, la mise à niveau de l’industrie de guerre,
l’organisation de fer des arrières pour assurer la production et l’approvisionnement…
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