Sondages : ne pas tomber dans le panneau des manipulations en faveur du national-capitalisme
Posté par communistefeigniesunblogfr le 16 janvier 2012
Source : Le Grand Soir - 15 janvier 2012
Encore les prophéties auto-réalisatrices
Libération et Marine Le Pen : abus de sondage.
Article suivi de : Contradictions, variations-éclairs et manipulations
ACRIMED, et le blog de J.-L. Mélenchon
Les instituts de sondage ? Erreurs et bidonnages, on le savait. Mais ils sont aussi capables de se contredire à un point tel qu’ils ruinent réciproquement leur crédibilité. Pis, la loi du 19 juillet 1977, qui exige que la publication des résultats soit accompagnée de leur notice technique, n’est pas toujours respectée. Pour finir, des médias peuvent solliciter à l’extrême les chiffres des sondages pour des premières pages racoleuses et menteuses.
LGS a publié en octobre 2011 deux articles sur ce sujet qu’on peut (re)lire par ce lien : http://www.legrandsoir.info/deux-analyses-chiffrees-sur-l-en…
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Les textes ci-dessous donnent de nouveaux exemples de manipulation.
L’un nous vient du site Acrimed (action critique médias), l’autre est une analyse détaillée par un candidat à l’élection présidentielle (Jean-Luc Mélenchon).
LGS
ACRIMED : Libération et Marine Le Pen : abus de sondage
Nous voici à une centaine de jours du premier tour de l’élection présidentielle. De nombreuses candidates et candidats sont désormais en campagne, et les apparitions dans les médias de masse se multiplient sous différentes formes. Mais la solide invariable de l’équation médiatique est la commande de sondages, ces thermomètres censés mesurer « l’opinion », assortis de leur publication et de leur interprétation.
Le 9 janvier, Libération nous livrait ainsi son dernier sondage commandé à Viavoice. Le résultat de ce sondage fait la « Une » du quotidien. Son titre révèle ainsi « l’information » que la rédaction estime la plus importante : « 30% n’exclueraient pas de voter Le Pen » (Nous avons gardé la faute d’orthographe pour rester rigoureux dans la citation). Le journal consacre alors quatre pages à Marine Le Pen, faites de témoignages recueillis dans des lieux où les idées de l’extrême-droite s’implantent et de « décryptage » des résultats du sondage.
Encore un sondage
Ce sondage nous propose diverses données, dont celle (essentielle pour les grands médias) de l’intention de vote pour le premier tour de l’élection présidentielle, si celui-ci avait lieu ce dimanche 15 janvier 2012. Voici la question précise : « Si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu dimanche prochain, pourriez-vous voter pour Marine Le Pen ? ». Les réponses se divisent en 5 catégories : 8% « Oui, certainement » ; 10% « Oui, probablement » ; 12% « Non, probablement pas » ; 68% « Non, certainement pas » ; 2% « Ne se prononce pas ». À partir de ces résultats, les commentateurs ont jugé valable le calcul prosaïque suivant : en additionnant les trois premières catégories, on atteint le chiffre magique – et spectaculaire – de 30%, qui peut dès lors occuper la « Une »…
Regardons plus précisément la question et les réponses.
En ce qui concerne la question, tout d’abord. Qu’en aurait-il été si le sondeur proposait plusieurs choix de candidats pour le premier tour ? Avec la question posée précisément par Viavoice, il est demandé si la personne sondée « pourrait » voter pour Marine Le Pen. Cela ne garantit en rien que les sondés voteraient effectivement pour elle face à n’importe quel candidat. Pour que ces résultats soient interprétables (ou du moins, un peu moins ininterprétables), il faudrait reposer cette question avec tous les autres candidats à l’élection présidentielle. En effet, serait-il exclu qu’une personne habituellement proche des idées de François Bayrou « puisse » voter pour François Hollande ou pour Nicolas Sarkozy ? Serait-il exclu qu’une personne proche des idées de Jean-Luc Mélenchon « puisse » voter pour Philippe Poutou ?
Pour preuve, il suffit que la question soit modifiée dans le même sondage pour qu’immédiatement les résultats changent radicalement. Dans la catégorie « souhaits de victoire de candidats », Le Pen passe de 17% en août 2011 à 15% en janvier 2012… Nous sommes donc très loin des 30% des électeurs qui n’excluraient pas (sans « e ») de voter Le Pen.
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