9 décembre 2011 – Glop Lerouge, Secrétaire de Section
Étrangers : l’invasion des démagos !
La France a un ministre des Affaires étrangères.
Les Libyens l’ont appris à coups de bombes, et
les Syriens se préparent à les recevoir.
Mais la République a pire que ça :
elle a un ministre de l’Intérieur, Claude Guéant.
Ce Monsieur nous dit : chaque année la France
accueille 200 000 étrangers, et c’est trop. Il paraît
qu’on est « envahis » (moi, je suis surtout envahi
par les courriers d’un huissier de justice qui me
demande des ronds, mais c’est une autre affaire).
Chaque année, dit-il en reprenant la formule de
Le Pen fille, c’est « une ville comme Rennes »
qui entre dans l’hexagone.
Tout ça c’est censé nous foutre les jetons :
vous avez du mal avec votre loyer, avec les factures, avec les courses, avec l’essence, avec les frais médicaux ?
C’est que vous vous gourez : en fait, vous avez un problème avec les étrangers. Ne votez donc pas communiste,
votez fasciste, c’est ça votre priorité ! Le message est clair, il suffit d’allumer la télé pour l’entendre.
200 000 étrangers, dit Guéant. En même temps, quand on regarde de près les études des démographes sérieux,
on découvre que les étrangers ne font pas augmenter la population : la France aurait un « bilan migratoire
avoisinant zéro » (de l’ordre de 6 000 immigrés par an, tout au plus, c’est-à-dire trois fois rien sur une population
de plus de 60 millions de personnes). L’INSEE, de son côté, évalue à environ 100 000 étrangers par an le rythme
des entrées en France dans les années qui viennent. 200 000 selon Guéant, 100 000 selon l’INSEE, zéro selon
les démographes. Vous y comprenez quelque chose, vous ? Pas de panique, Papa Lerouge vous explique.
Quand Guéant dit, à la louche, 200 000 étrangers accueillis par an, il oublie juste un tout petit truc :
chaque année, 100 000 étrangers quittent la France pour rentrer chez eux, ou partir ailleurs. Du coup, 200 000
moins 100 000, ça fait les 100 000 entrées estimées par l’INSEE. En réalité, la projection de l’INSEE ne tient pas
parfaitement compte des facteurs « politiques », et notamment des 30 000 éloignements forcés annuels
d’étrangers (tous les trois ans, une ville comme Poitiers est rayée de la carte de France…), et son estimation
est donc probablement exagérée.
Il reste qu’on se demande comment ça se fait que le bilan migratoire soit proche de zéro. Là réside le coup de
maître des xénophobes : toute personne, même d’origine étrangère, du moment où elle a « aussi » la nationalité
française, est considérée comme étant française, et c’est normal. Or, tenez-vous bien, si un Français quitte
le territoire national pour aller vivre ailleurs, l’Etat français considère qu’il ne « migre » pas, il « s’expatrie », et
du coup, il ne figure pas dans les statistiques relatives aux migrations !
Vous comprenez mieux là : l’algérien qui a bossé en France, qui a été naturalisé français, et qui repart en Algérie
avec ses enfants français, sera considéré comme un « français expatrié » et ne sera pas comptabilisé, ni lui ni
ses enfants.
Or, précisément, si on comptabilise nos « expatriés » (« de souche » et « d’origine étrangère », pour parler
comme cette bande de tarés fascistoïdes qui arnaquent les gens avec leurs chiffres bidon), le solde migratoire
français réel est d’environ 6 000 personnes par an, en majorité européennes. La voilà l’invasion.
Et voici les vraies questions : pourquoi la France est devenue si peu attractive ? Pourquoi de plus en plus de
jeunes diplômés la quittent ? Je vais poser la question à l’huissier de justice, bien de chez nous, qui me harcèle.
Il a intérêt à trouver une réponse accommodante, je vous le dis.
Glop Lerouge