le 17 Novembre 2011 - Pierre Duquesne
Enquête Insee
Portrait d’une France en crise :
5 données sociales à la loupe
France, portrait social 2011 a été rendu public hier par l’Insee. Il met l’accent, cette année, sur le sort
réservé aux jeunes. D’après les nouveaux indicateurs subjectifs introduits en 2011, ceux-ci
exprimeraient en moyenne un bien-être supérieur à celui des 30-50 ans.
Ils restent toutefois les laissés-pour-compte d’une France vieillissante. Premiers frappés par les
suppressions d’emploi, ils connaissent un taux de chômage en forte hausse depuis la crise de 2008.
Les enfants, eux aussi, ne sont
pas épargnés :
les inégalités sociales qui se creusent dans le pays
ont un impact spectaculaire sur
le niveau de lecture des collégiens des zones les plus défavorisées.
Et les enfants de familles monoparentales voient leurs conditions de logement se dégrader.
- La France connaît une forte croissance…
… de sa population !
En une génération à peine, la France a gagné 10 millions d’habitants. De 55 millions en 1981, la population a
officiellement dépassé, pour la première fois, les 65 millions au 1er janvier 2011. Cette croissance démographique
n’est pas liée à la seule vigueur procréatrice de la nation française. Bien qu’il soit repassé depuis 2006 au-dessus
de la barre des 2 enfants par femme, le taux de natalité a baissé en moyenne depuis trente ans. En revanche,
l’augmentation de l’espérance de vie de huit ans pour les hommes et de six ans et demi pour les femmes s’est
traduite par 3 millions de Français supplémentaires. L’immigration, même si son taux a peu augmenté depuis 1980
(de 7,4 % à 8,4 % en 2008), a apporté 3,1 millions d’habitants à la croissance démographique. Pour le reste, c’est
toujours le baby-boom qui fait son
effet ! La génération née après-guerre a donné un million d’enfants au pays
dans les années quatre-vingt. À cette époque, les personnes de plus de soixante-cinq ans étaient moins
nombreuses qu’aujourd’hui en raison de la chute de la natalité liée à la Première Guerre mondiale.
65. C’est en millions de nombre d’habitants au 1er janvier 2011, selon l’Insee,
soit une hausse de 10 millions en à peine trente ans.
- De plus en plus d’élèves ont des difficultés avec l’écrit, notamment en ZEP
Au moins cinq études différentes l’affirment : le nombre d’élèves ayant une difficulté face à l’écrit n’a cessé
d’augmenter. De 1997 à 2007, il a doublé en CM2, passant de 11 % à 21,4 % selon l’étude de comparaison
« Lire, écrire, compter ». Les tests spécifiques de lecture de l’entrée en sixième (Spec 6) ont quant à eux
relevé une hausse de cinq points de la proportion d’élèves ayant un niveau de vocabulaire plus pauvre,
une moins grande
maîtrise orthographique et un plus faible niveau de compréhension d’énoncés écrits
(de 14,9 % à 19 % entre 1997 et 2007). Près d’un élève sur cinq présente des difficultés langagières, tandis
que les mécanismes de base de lecture, à savoir les automatismes mis en œuvre pour identifier les mots,
restent au même niveau. Le même ordre de grandeur est aussi donné par l’étude internationale Pisa, dirigée
par l’OCDE. Les élèves ayant des problèmes face à l’écrit se trouvent concentrés dans les zones d’éducation
prioritaire (ZEP), où la part des élèves en difficultés de lecture a bondi de 20,9 %
à 31, 3 % en à peine dix ans
(voir le graphique ci-joint). Ces chiffres issus des tests d’entrée en sixième sont corroborés par l’enquête Cedre,
qui mesure les compétences au regard du programme d’élèves de troisième. Selon cette enquête, le nombre
d’élèves ayant des difficultés de lecture a augmenté de 7,7 points entre 2003 et 2009 en classe de troisième de
collège ZEP. « Ces résultats ne permettent pas à eux seuls d’évaluer la politique des ZEP, car on ne sait pas
quelle aurait été l’évolution des compétences des élèves dans ces collèges sans sa mise en place », indique
prudemment l’Insee. Rien d’étonnant toutefois, puisque la France possède l’un des systèmes scolaires les plus
inégalitaires d’Europe. L’enquête Pisa a démontré qu’en France les difficultés scolaires sont de plus en plus liées
à l’origine sociale. « L’écart de score moyen entre les élèves socialement défavorisés et les élèves favorisés
augmente en France entre 2000 et 2009, et se situe désormais à 96 points, significativement au-dessus de la
moyenne de l’OCDE », rappelle l’Insee.
31. C’est en 2007 le pourcentage des élèves de sixième de ZEP qui présentent
des difficultés face à l’écrit, contre 20,9% en 1997.
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