Lu sur : 15 septembre 2011
publié par reineroro (Démineuse De Tapettes à Gruyère et Pourfendeuse De Cornichons.)
30 000 places de plus en prison : Et puis quoi, encore ?
Auteur : Gilles Devers - Source : Actualités du droit
C’est à ce genre de truc qu’on se rend compte qu’il n’y a plus d’opposition en France.
Sarko annonce la construction de 30 000 places de prison supplémentaires d’ici 2017,
et ça passe comme une lettre à la poste. Avec les 50 000 places actuelles, on atteint
un niveau record d’occupation d’environ 65 000 détenus ; avec les 80 000 places,
on arrivera à 100 000. Et tout le monde s’en fout !
La société oublierait-elle ce qu’est la liberté ?
Martine voulait être la « présidente de la sécurité » : elle est aux anges. Hollande veut prendre le temps pour
remettre à plat le système pénal. Avant de remettre à plat, on enferme, c’est plus prudent. Question justice,
ces leaders décérébrés, junkies des sondages d’opinion, peuvent prendre leur carte à l’UMP.
Le premier argument du laïus, c’est que ces places sont nécessaires pour résorber le retard dans l’exécution
des peines. Argument faux : ces courtes peines, au titre de la loi pénitentiaire, concernent des concitoyens
peu dangereux et elles doivent être exécutés sous le régime d’un aménagement : surveillance électronique,
placement extérieur ou semi-liberté, travail avec le comité de probation. La prison vient en cas d’échec,
et l’alternative à la prison permet, dans ce cadre contraignant d’entreprendre un travail utile.
Ces peines coûtent moins, en investissement comme en fonctionnement, et elles sont la meilleure solution
contre la récidive. Il faut renforcer les services sociaux : efficace, mais pas valable électoralement.
L’Observatoire des prisons rappelle les chiffres : « Les taux de récidive les plus élevés concernent les détenus
qui ont purgé la totalité de leur peine en prison : 63% de récidive dans les cinq ans pour les libérés en fin de
peine sans aménagement ; parallèlement, les condamnés à des peines alternatives récidivent moins (45%) ».
Le second argument est l’entretien de cette illusion totale que tout ira mieux quand on aura enfermé
les dangereux. A 50 000 places, la société va mal ; à 80 000 places, ce sera le bonheur de la sécurité.
Et, avec l’approbation silencieuse de la « Gauche », Sarko accrédite l’idée que la société va si mal qu’il faut
augmenter de 60% le nombre de places en prison. Bonne vieille politique de la peur.
S’interroger sur les chemins qui conduisent au basculement délinquant ? S’intéresser aux causes réelles de la
récidive, après l’étude circonstanciée des dossiers ? On peut toujours approfondir, mais ces questions sont bien
connues, et la réponse est l’intensification du travail social, pour préserver à la privation de liberté son sens,
qui est celui de l’exception.
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