Lu sur : 16 septembre 2011
publié par Marc L. (Webmaster)
Esclaves au cœur de l’Europe
Auteur : José Bento Amaro - Source : Publico
Partis chercher du travail en Espagne, des Portugais ont été contraints
à l’esclavage dans une ferme.
Le quotidien Público fait le récit choquant de ces pratiques d’un autre âge.
L’image de personnes enchaînées, couchées par terre, victimes de mauvais
traitements, malades et affamées renvoie à une réalité d’un autre temps.
Mais le récit que vous allez lire ne fait pas référence au XVIe ou
au XVIIe siècle.
Dans cette tragédie, il n’y a pas d’océan à franchir. Il y a seulement le Portugal et l’Espagne au début du XXIe siècle.
L’histoire que nous allons vous raconter compte 12 esclaves et quatre « négriers ». C’est une histoire de misère,
de barbarie préméditée. Le portrait d’une zone d’ombre du pays que beaucoup méconnaissent totalement.
C’est de cela dont parle le jugement rendu le 7 avril dernier par le tribunal de Fundão
[bourgade de l'intérieur du pays], la première condamnation pour esclavage au Portugal.
L’histoire part d’une famille qui vit en Espagne et maintient des liens avec la Beira Baixa [région de l'intérieur]
- un couple originaire du Portugal et leur fils âgé de 35 ans. Avec pour modus operandi la quête d’hommes pauvres
dans les villes et villages de la région. Des « indigents », comme les qualifie le tribunal, des hommes aux
« connaissances cognitives faibles », « dépendants de l’alcool » et « issus de familles déstructurées ».
António José Fortunato Maria, plus connu sous le nom de Tó Zé Cigano, est le principal membre de la famille
esclavagiste. Pendant que ses parents sont en Espagne, dans la région de Valladolid, il parcourt le terrain en voiture
en quête de main-d’œuvre pour les fermes espagnoles. Nous sommes en 2001, les parents de Tó Zé sont au Portugal
et recrutent la personne qui, durant des années, fera office de contremaître. Ils abordent une femme
qu’ils connaissaient déjà et parviennent à la convaincre de leur confier son fils, José António Rodrigues. Ils lui proposent
donc d’être chef d’équipe dans l’agriculture pour 250 euros mensuels, plus les repas, l’hébergement et du tabac.
Un luxe pour qui n’a rien. José António, le seul parmi les 12 esclaves qui ne sera jamais battu, accepte l’offre et gagne
pendant deux ans la somme prévue. Puis, jusqu’en février 2007, lorsqu’il parvient à s’enfuir au Portugal, il reçoit
seulement 150 euros par mois. C’est lui qui raconte au tribunal les cruautés subies dans le hangar d’une ferme où,
pendant des années, des esclaves ont vécu dans la peur.
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