« La misère selon George Orwell »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 12 septembre 2011
Lu sur : Le Grand Soir – 12 septembre 2011
URL article original : http://bernard-gensane.over-blog.com/article-la-misere-selon-george-orwell-83424564.html
La misère selon George Orwell
Bernard GENSANE
Au début de sa carrière d’écrivain et de journaliste, pour des raisons peut-être plus
personnelles que politiques, Orwell s’est intéressé à ceux qui avaient sombré dans la
misère la plus noire au début des années trente en Grande-Bretagne.
Il a écrit de nombreux textes, dont son premier livre publié en 1933,
Dans la dèche à Paris et Londres (Down and Out in Paris and London).
Il écrivit ce livre après avoir partagé, volontairement, le sort de ces malheureux, dans les asiles de nuit,
dans les champs de houblon du Kent, dans les arrière-cuisines de cafés et de restaurants parisiens.
Dans le chapitre III de cet ouvrage, il décrit ce qui se passe dans la conscience de ceux qui sombrent.
C’est peu dire que ces lignes écrites il y a soixante-dix ans, sont, malheureusement, toujours d’actualité.
Curieuse sensation qu’un premier contact avec la “ débine ”. C’est une chose à laquelle vous avez tellement
pensé, que vous avez si souvent redouté, une calamité dont vous avez toujours su qu’elle s’abattrait sur vous
à un moment ou à un autre. Et quand vient ce moment, tout prend un tour si totalement et si prosaïquement
différent. Vous vous imaginiez que ce serait très simple : c’est en fait extraordinairement compliqué. Vous vous
imaginiez que ce serait terrible : ce n’est que sordide et fastidieux. C’est la petitesse inhérente à la pauvreté
que vous commencez par découvrir.
[…] Vous vous trouvez brutalement contraint de vivre avec six francs par jour. Mais vous ne voudriez pour rien
au monde que cela se sache : il faut donner à votre entourage l’impression que rien n’a changé dans votre vie. […]
Vous renoncez pour commencer à donner votre linge à blanchir. […] Le buraliste ne cesse de vous demander
pourquoi vous fumez moins. Il y a des lettres auxquelles vous voudriez bien répondre, mais cela vous est
impossible parce que les timbres sont devenus trop chers pour vous. Et puis, il y a la question de la nourriture
– de loin la plus épineuse. Chaque jour, aux heures des repas, vous faites ostensiblement mine de prendre
la direction du restaurant, mais vous passez une heure dans les jardins du Luxembourg, à tourner en rond
et à regarder les pigeons. […]
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