Les Charbonnages s’acharnent contre les grévistes de 1948
Posté par communistefeigniesunblogfr le 26 mai 2011
Les Charbonnages s’acharnent contre les grévistes de 1948
Par Tiennot Grumbach, avocat.
C’est Norbert Gilmez, un retraité toujours militant ayant participé
à la grève des mineurs de 1948 qui nous a prévenus, le 17 mai.
Les Charbonnages de France « élèvent » le contentieux devant
la chambre sociale de la Cour de cassation. L’arrêt rendu sur le
fond par la cour d’appel de Versailles, le 10 mars dernier,
est frappé d’un pourvoi. Il avait apporté aux survivants et à leurs « ayants droit » une réparation morale.
Si elle ne compensait pas l’intégralité des préjudices subis, elle marquait l’espérance qu’enfin soient
reconnus les droits et la dignité de ceux des mineurs qui avaient été licenciés en raison de la grève.
Les services de la Halde avaient considéré l’existence d’une discrimination. Ils avaient recommandé une
médiation. Les parties l’avaient acceptée. Les Charbonnages de France ont fait traîner la procédure.
Ils semblaient jouer la montre jusqu’à l’échéance prévue pour la liquidation amiable, déjà programmée
par le gouvernement. Un protocole d’échec de la médiation a donc été régularisé. On le comprend mieux
aujourd’hui, ce n’était pas tant le montant des dommages et intérêts qui était en jeu, que la portée
symbolique du litige. Le pourvoi qui vient d’être régularisé le donne à voir. Après tant d’années, ne pas
avoir accepté que l’arrêt rendu par les magistrats d’appel mette un terme à cette saga qui a marqué
l’histoire de toute la région du Nord fait sens. J’enrage !
Pourtant, la ministre des Finances, brillante avocate de droit des sociétés, a su régler, en un temps record,
les affaires d’un ancien ministre et hommes d’affaires. C’était à ses yeux un mode banal de règlement du
litige en harmonie avec les pratiques habituelles des dirigeants du monde de la banque, des assurances et
des affaires. Il n’est donc nul besoin de la taxer de malhonnêteté personnelle. C’est plus grave.
Nos ministres agissent en parfaite cohérence avec la déontologie du droit et du secret des affaires. Quant à
nous, nous privilégions le débat public, chaque fois que faire se peut. « Ces gens-là, Monsieur », ne croient
pas que la justice ait à se mêler de leur commerce. Ils entendent être garantis contre toute forme
d’indiscrétion qui pourrait mettre en cause l’idée qu’ils se font de la liberté du commerce et de l’industrie.
Rien donc que de plus ordinaire que de régler dans une même période des centaines de millions d’euros à
Tapie et de se refuser au règlement d’une condamnation judiciaire à hauteur de 520 000 euros, à répartir
entre 17 familles. Une telle condamnation leur semble insupportable comme si elle venait légitimer les
luttes du mouvement syndical. Qui peut croire que les Charbonnages de France, qui n’ont plus la moindre
existence industrielle, aient pu prendre une telle décision sans le feu vert du pouvoir politique et de leur
ministre de tutelle ? Quelle que soit la valeur de la cause des mineurs et de leurs familles, les tenants du
pouvoir actuel ne veulent pas que ce regard de justice, porté sur ce passé de luttes, éclaire notre présent.
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