Commentaires d’Annie Lacroix-Riz sur la campagne de réhabilitation de Louis Renault entreprise par le service public de télévision
Posté par communistefeigniesunblogfr le 19 avril 2011
Publié le 17 avril 2011 sur :
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Commentaires sur la campagne de réhabilitation de Louis Renault entreprise
par le service public de télévision
Annie LACROIX-RIZ
Commentaires sur dossier Louis Renault France 2 préparé par les journalistes du JT de France2
le 20 mars 2011
David Pujadas – Une page d’histoire maintenant, et quelle histoire ! Elle concerne le constructeur
automobile Louis Renault. Pour beaucoup, il est le symbole de la collaboration pendant la seconde
guerre mondiale, mais les historiens désormais se divisent et ses petits enfants se battent pour sa
mémoire. Faut il réhabiliter Louis Renault, c’est le dossier de cette édition, il est signé Gérard Grizbec,
Didier Dahan.
Commentaire Annie Lacroix-Riz
Puisque « les historiens désormais se divisent », les journalistes de France 2 ont décidé, comme ceux du Monde Magazine le 8 janvier 2010, de ne
donner la parole qu’à tel historien qui n’a jamais travaillé sur la question (voir ci-dessous).
Début du document reportage
Commentaire journaliste
L’objet du scandale, le voici, cette photo prise à Berlin : Louis Renault juste à côté d’Hitler. Certes, l’image a été prise avant la guerre, au salon de
l’automobile de 1938, mais tout de même, pour beaucoup, elle confirme que Renault avait de bonnes relations avec le dirigeant nazi. Cette photo était
exposée au musée d’Oradour sur Glane consacré à la deuxième guerre mondiale. Oradour, le symbole de la barbarie nazie. Ici le 10 juin 1944, la division
Das Reich a massacré tout le village, 642 victimes, hommes, femmes, enfants. A la demande de la famille Renault, le musée d’Oradour a dû retirer cette
photo et la remplacer par ce cache noir. Car être photographié à côté d’Hitler en 1938 n’implique pas que l’on va collaborer par la suite.
Commentaire Annie Lacroix-Riz
Outre que la photographie date de février 1939 (date à laquelle le Reich avait déjà démembré la Tchécoslovaquie et où les milieux informés savaient
parfaitement qu’il s’apprêtait à avaler le reste), la remarque serait pertinente si cette rencontre relevait du hasard (or, elle a lieu au salon de l’auto de
Berlin), et surtout si Louis Renault n’avait pas noué avec l’Allemagne hitlérienne une collaboration économique et politique sans réserves, dès le début du
régime et avec un éclat particulier par une rencontre de deux heures avec Hitler en février 1935). Cette volonté maintes fois affirmée de collaboration avec
les gens de bonne volonté (dont Hitler faisait partie, selon Louis Renault) passa notamment par la décision de paix à tout prix, le sabotage de la production
de guerre et la guerre contre la classe ouvrière en général, celle de Renault en particulier. Louis Renault a joué un rôle décisif dans ce que l’ambassadeur
de France François-Poncet, émissaire du Comité des Forges à Berlin de septembre 1931 à novembre 1938, appela explicitement devant un diplomate de
l’Axe Rome-Berlin, à cette dernière date « la fascisation de la démocratie » française. Ce que j’appelle « la garde rapprochée » de Louis Renault, lui-même
grand bailleur de fonds du fascisme français dans l’entre-deux-guerres, le trio synarcho-cagoulard dirigeant des usines Renault (toutes catégories),
François Lehideux, René de Peyrecave et Charles Petiet, joue dans le putsch ouvrant sur le régime de Vichy un rôle déterminant, consacré depuis l’été 1940
par des fonctions ministérielles ou équivalentes, au cours des quatre années d’Occupation (tel Lehideux, ministre jusqu’en avril 1942, et directeur
responsable du comité d’organisation de l’automobile du 30 septembre 1940 à son arrestation, le 28 août 1944.
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