Le billet de Glop Lerouge : Privés de nucléaire
Posté par communistefeigniesunblogfr le 17 avril 2011
13 avril 2011 – Glop Lerouge, Secrétaire de Section
Privés de nucléaire
Fukushima, c’est l’horreur. On est tous d’accord.
Il faut mettre le paquet sur les énergies sûres et, autant que possible, renouvelables.
Là aussi, on est tous d’accord. La différence est dans le calendrier : selon certains, on
doit arrêter illico tout procédé nucléaire quitte à aller au turbin en canoë-kayak ; reste
cependant ouverte la question de l’énergie nécessaire à la fabrication des embarcations.
Il y a aussi, à vrai dire, le problème déchirant du choix des matériaux : faut-il massacrer
les arbres pour en extraire les coques agiles ? Le débat est lancé.
En attendant que cette passionnante dispute soit vidée, on risque de vivre (si tout va bien) encore un bon moment avec ce Monsieur l’Atome.
Et la question concrète et réelle qui se pose est bien simple : comment éviter que, à forcer de les fissionner à tire-larigot, uranium, plutonium et autre
nucleum nous éclatent à la poire ? Là, on n’est plus d’accord du tout.
La boîte qui « gère », façon de parler, Fukushima est une société privée. Elle s’appelle Tokyo Electric Power Company, mieux connue sous le sigle Tepco,
qui fait assez classe, il faut le reconnaître. Or, les autorités japonaises ont mis en cause ce fleuron énergétique depuis 2002, accusé d’avoir falsifié pendant
des années les rapports d’inspection sur les réacteurs. On l’accuse également d’avoir caché des accidents nucléaires. Des bagatelles, en somme.
En même temps, avant d’accabler les entreprises du nucléaire, il faut se mettre à leur place. Si l’on dépense des millions pour la sécurité des réacteurs,
c’est autant de bénéfices dont on prive les actionnaires. Et si, par la suite, il n’y a pas d’accident nucléaire, ce sera bien la preuve qu’on a jeté du pognon
par la fenêtre, ce qui est un scandale. La précaution impose donc de distribuer les bénéfices et prier pour que tout se passe bien. C’est logique.
Si au bout du compte il y a une catastrophe, ce sera la faute à Dame Nature, cette garce vicieuse.
A ce propos, un ingénieur a déclaré anonymement au Monde que ce n’est pas une « catastrophe naturelle » que vit le Japon, mais bien une « catastrophe
provoquée par l’homme ». Oui, il a raison, mais pas n’importe quel homme : c’est l’homo capitalisticus decerebratus qui a laissé le nucléaire au privé et a mis
les fouilles des actionnaires devant les pommes des bonnes gens.
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