Conseil national du PCF : Pierre Laurent et la question de la candidature à l’élection présidentielle
Posté par communistefeigniesunblogfr le 9 avril 2011
Source : Site national du PCF – 8 avril 2011
Rapport de Pierre Laurent au Conseil National du 8 avril 2011
Extrait : la question de la candidature à l’élection présidentielle.
Quatre candidatures sont soumises à notre débat.
Deux, issues de notre parti, sont en désaccord affirmé avec le choix d’une stratégie de Front de gauche. Celle d’André Gerin, député et membre du Conseil national,
défend le principe d’une candidature du PCF à l’élection présidentielle sur la base du programme qu’il a présenté dans une brochure intitulée
« Redonnons ses couleurs à la France ». Celle d’Emmanuel Dang Tran, également membre du CN, revendique une candidature « contre l’alliance avec la social-
démocratie, l’adhésion à l’Union européenne du capital, et l’effacement du PCF » . Tous deux, bien mieux que je ne pourrais le faire, s’exprimeront au cours
de nos travaux sur le sens de leur candidature.
Deux autres candidatures, l’une issue de notre Parti, celle d’André Chassaigne, député et membre de notre Conseil national, l’autre issue du Parti de gauche,
celle de Jean-Luc Mélenchon, député européen et co-président de ce parti, se sont déclarées disponibles pour représenter la candidature du Front de gauche.
Toutes ces candidatures doivent être examinées par les communistes d’ici le choix de la conférence nationale. Compte tenu de l’engagement très majoritaire de
nos adhérents dans la stratégie du Front de gauche, l’essentiel de la discussion des communistes, comme j’ai pu le constater dans les fédérations où je me suis
rendu, porte déjà sur le choix entre ces deux dernières candidatures.
André a répondu, depuis sa déclaration de candidature à la fête de l’Humanité, à de très nombreuses invitations dans les fédérations. De nombreux communistes
ont apprécié la démarche qu’il porte. Je pense qu’il s’exprimera lui aussi au cours de nos travaux. La candidature de Jean-Luc Mélenchon, soutenue par la direction
du PG et depuis dimanche dernier celle de la Gauche unitaire, a été présentée au lendemain de notre appel à candidatures fin janvier. Ces deux fortes personnalités
se sont imposées dans le débat national.
Mais je crois que chacun s’accordera à dire que notre choix ne peut être guidé par le soutien à une personnalité. L’élection présidentielle n’est pas au Parti
communiste, au Front de gauche une affaire d’aventure personnelle.
Notre choix doit être un choix politique. Nous voulons un accord d’ensemble dont la candidature à la présidentielle est un élément. Nous voulons que cet
accord crée les meilleures conditions de déploiement du Front de gauche. Nous savons qu’en l’état aucune de ces deux candidatures à elle seule ne clôt l’accord
d’ensemble. Chacun a des pas à faire et tout le monde entend être respecté.
Qu’est-ce qui doit motiver dans ces conditions le choix des communistes ? Nos ambitions politiques dans la période, avec les enjeux que j’ai exposés. A partir de là,
selon moi deux critères doivent prévaloir. D’abord, une volonté : aboutir à un accord qui permette à la dynamique que nous avons initiée de franchir une étape
décisive en 2012. Cela exigera, nous le savons, notre engagement total, mais cela en vaut la peine pour les raisons que j’ai données précédemment. Ensuite, une
exigence claire : le choix d’une candidature sera pour nous, a fortiori si elle n’est pas issue du PCF, conditionné à la conclusion d’un accord d’ensemble satisfaisant
nos objectifs politiques et respectant la force et la qualité de l’implantation territoriale législative du PCF. C’est essentiel pour obtenir demain le maximum de
député-es communistes dans l’intérêt des populations.
Les communistes demandent le temps nécessaire à l’évaluation de ce choix et à la finalisation d’un tel accord. Ils ont raison et nous avons huit semaines d’ici la
conférence nationale pour le faire, éléments du débat en main. Ils ne souhaitent pas que le CN conclut ce débat qui ne fait que commencer. Mais beaucoup
demandent également que la direction nationale donne son avis, non pas sous la forme d’un ultimatum, mais par souci de transparence démocratique. Ils veulent
décider en connaissance de cause. C’est justifié.
J’estime donc de ma responsabilité de livrer aujourd’hui mon opinion. Je me suis tenu au calendrier fixé en commun. J’ai progressivement construit mon opinion
à partir des avancées concrètes permises par le Front de Gauche, de l’analyse des échéances électorales abordées dans ce cadre et tous les échanges que j’ai eu
avec les communistes et nos partenaires. J’ai beaucoup évalué la situation contrairement à ce que j’entends ici ou là et je considère encore aujourd’hui que les
potentiels comme les risques de l’un ou l’autre de ces choix doivent être pesés avec sérieux jusqu’à la conférence nationale.
En les ayant pesés, je pense que la candidature de Jean-Luc Mélenchon peut être envisagée par notre parti dans le cadre d’un accord d’ensemble
avec nos partenaires, un accord qui garantisse le respect d’engagements collectifs à la hauteur des enjeux de la situation politique inédite que nous vivons,
la diversité de notre rassemblement et la place majeure de notre parti.
L’investissement par les communistes de la démarche engagée sera en tout état de cause selon moi la clé de la réussite. Je crois que notre histoire militante
commune témoigne, jusque dans nos combats politiques récents, de notre capacité à faire de la diversité d’un rassemblement sur des objectifs politiques
ambitieux une force pour déployer une dynamique populaire de grande ampleur qui permette de faire avancer nos objectifs. Je veux dire aussi à tous les
communistes que cette décision mérite le débat. Elle est, à l’étape actuelle de ma réflexion, celle qui me paraît être la plus susceptible de nous permettre de
franchir un cap dans nos objectifs. Chacun, chacune d’entre nous ici et tous les communistes devront donner leur opinion, instruire cet enjeu et prendre leur
propre décision. Et quand les communistes auront fait leur choix au mois de juin prochain, nous devrons toutes et tous être rassemblés dans l’action pour le porter.
Concernant la place et l’avenir du parti, je crois d’ailleurs sincèrement que ceux qui espèrent et regardent du côté du PCF ne comprendraient pas l’échec du
rassemblement. A l’inverse, j’ai la conviction que notre parti sortira gagnant d’une séquence où il aura tout fait pour permettre l’essor du Front de gauche.
Des camarades, je le sais, craignent notre effacement. Je les comprends et je prends au sérieux cette crainte. Certains ajoutent qu’ils ont parfois été heurtés par
certaines déclarations de Jean-Luc Mélenchon. Cela doit être entendu car il en va de l’efficacité collective du Front de gauche.
Je veux faire deux remarques à ce propos. La parole du PCF doit être respectée, et c’est de notre responsabilité comme direction nationale. Elle est
utile au rayonnement d’un Front de gauche qui, nous le savons, est et sera traversé de débats. Et, comme je l’ai déjà fait, dans les derniers mois, sur le populisme,
le débat énergétique, l’appel au rassemblement entre les deux tours des cantonales, je n’hésiterais pas à faire entendre la voix du PCF chaque fois que nous le
jugerons nécessaire. Mais je le ferai toujours avec l’esprit qui nous anime :
mettre notre liberté de parole au service du progrès de notre rassemblement.
Autonomie et unité sont les deux faces de notre démarche.
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