Quand Nicolas Sarkozy assassine le Français : inculture ou manipulation ?
Posté par communistefeigniesunblogfr le 12 février 2011
Perdre sa langue, c’est perdre sa culture, mais aussi sa mémoire, individuelle et collective. Et dans cette mémoire, insiste Gastaud, il y a la mémoire des luttes, le combat pour des droits démocratiques. Défendre sa langue, défendre toutes les langues, c’est défendre l’émancipation humaine. (source Bernard Gensane)
Source : Plume de presse – 11 février 2011 –
URL de l’article : http://www.plumedepresse.net/a-paroles-de-francais-paroles-en-mauvais-francais/
A « Paroles de Français », paroles en mauvais français
Bien sûr, là n’est pas le plus important. Les mensonges proférés ou les injustices causées par sa politique sont autrement plus cruciaux, mais tout de même ! Qu’il nous soit permis, une fois n’est pas coutume, avant que de revenir ultérieurement sur le fond, de nous intéresser à cet aspect-là de la personnalité de Nicolas Sarkozy, tant on reste stupéfié d’entendre le président de la République autant malmener la langue française. Nous venons d’en donner un premier exemple : on dit « stupéfait », au contraire de la faute commise par lui hier soir. Nous avons relevé deux autres exemples dans ses longs monologues de l’émission. « Bon, d’abord, ce que vous venez de nous dire, c’est ce que vivent le quotidien de tant de gens », répond-il d’entrée à la pharmacienne victime de cambriolages. Une phrase qui ne veut strictement rien dire telle quelle, sinon une façon extrêmement incorrecte de signifier « C’est ce que vivent au quotidien tant de gens » ou « C’est le quotidien que vivent tant de gens ». Et que dire de la formule : « Y’a un moment aide-toi, le ciel t’aidera » ? Lui coûterait-il tant que cela de faire des phrases complètes ? Remarquez, on a connu pire avec lui dans le genre des horreurs langagières, avec par exemple les « Si y’en a que ça les démange d’augmenter les impôts » ou encore, à propos des études supérieures : « On se demande c’est à quoi ça leur a servi pour avoir autant de mauvais sens ? », phrases citées par le site La communauté des experts. Parfois, aussi, Sarkozy invente des mots, comme lorsqu’il parla d’ « héritation » au lieu d’ « héritage », durant la campagne électorale – on notera que les médias et, partant, l’opinion, ont été en l’occurrence beaucoup plus indulgents avec cette faute-là qu’avec la célèbre « bravitude » de Royal… Depuis hier soir, il faut ajouter au vocabulaire présidentiel l’adjectif « sécure », qui n’existe pas comme le relève le linguiste Jean Véronis, équivalent franglais de « sécurisé ».
Détails que tout cela, comme nous l’indiquions en introduction ? Si l’on veut, sauf que le défaut de maîtrise du français que manifeste Sarkozy révèle son inculture, et qu’il est assez consternant qu’un pays auréolé de la gloire de tant de brillants poètes et écrivains – qui contribuent à son identité nationale ! – soit désormais affligé d’un président inculte. Ses fautes, barbarismes et approximations sont aussi révélatrices d’un profond mépris de la culture, admirablement analysé par Barbara Cassin, philologue et philosophe, directrice de recherches au CNRS et du Centre Léon-Robin sur la pensée antique. Elle commence par citer une célèbre saillie de l’homme – est-ce un hasard ? – qui s’applique à assassiner l’Éducation nationale : « L’autre jour, je m’amusais, on s’amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d’attaché d’administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu’elle pensait de La Princesse de Clèves… Imaginez un peu le spectacle ! »
Voici à présent le commentaire implacable de Barbara Cassin : « Il y revient trois fois, heureux du coup de pied dans la fourmilière, de la désacralisation du beau et de l’oeuvre, d’une oeuvre énigmatique. Nous ne parlerons donc à la guichetière que de guichet, ou de choses qu’elle peut comprendre dans son sous-métier de sous-femme, selon une version plus banale de l’imbécillité ou du sadisme – c’est tout ce qu’elle a besoin de savoir.» Où le mépris de la culture rejoint le mépris social… Finalement, non, ces fautes ne sont pas si anodines ni anecdotiques que cela.
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