Renault tente de museler les syndicats
Posté par communistefeigniesunblogfr le 5 février 2011
3 février 2011 - Laurence Mauriaucourt
Renault va réduire les effectifs, mais chut !
La CGT affirme que l’affaire (ou la non-affaire) d’espionnage est prétexte à museler les syndicats et à mettre la pression sur les salariés, dans une période où s’organisent des diminutions d’effectifs.
«L’espionnage industriel supposé et sa médiatisation, voulue ou non, sert d’artifice pour, dans l’entreprise, renforcer ce que la direction de Renault appelle l’obligation de confidentialité. De fait, elle tente d’interdire aux syndicats d’informer les salariés du contenu et des conséquences de sa stratégie à moyen et long terme sur l’emploi, les conditions de travail et les salaires. »
Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue hier à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), la CGT, par la voix de Fabien Gache, délégué syndical central Renault, a prévenu qu’elle ne signerait pas l’accord de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC). Dans l’article 20 de cet accord triennal, soumis à signature vendredi, la direction demande, en effet, aux syndicats « de s’engager à une totale confidentialité sur tous les documents et travaux » fournis dans le cadre de l’« instance paritaire de dialogue social sur la stratégie de l’entreprise ». Fabien Gache s’insurge : « La direction a même oralement pris un exemple, prenant comme hypothèse que si le groupe décidait de supprimer 25 % de ses activités en France, il faudrait ne rien dire aux médias, ni aux salariés, dont nous sommes les représentants ! »
Pour la CGT, 2e syndicat juste derrière la CFE-CGC dans l’entreprise, cette pression exercée à l’interne est un « aspect de ce que masque la couverture médiatique de Renault sur l’espionnage industriel » !
La direction de Renault, malgré trois cadres espions présumés, jetés en pâture, et malgré des annonces d’embauches et de résultats financiers encourageants distillés chaque semaine depuis début janvier, aura ainsi du mal à occulter la disparition de milliers d’emplois qui, dans les trois ans à venir, seront loin d’être compensés, selon la CGT. « D’ici à 2013, 3 000 salariés seront toujours intégrés aux effectifs mais placés en dispense d’activité durant trois ans avant leur retraite. À cela viendront « naturellement s’ajouter décès, démissions et départs à la retraite », explique Fabien Gache, le syndicat évaluant à 6 000 les postes ainsi impactés dans l’entreprise. Pour pallier ces départs, l’accord GPEC prévoit de « recruter 400 personnes sur le périmètre industriel », à condition que les « objectifs de compétitivité » prévus soient tenus (des objectifs dont la CGT ignore officiellement tout), et 1 600 personnes côté ingénierie tertiaire. La direction évoque le recrutement possible et réajustable de 2 700 contrats en alternance, « en CDD et sans aucune promesse d’embauche », rétorque la CGT, pour qui le déficit d’emplois ne fera, au final, aucun doute.
Le syndicat affirme que ces baisses d’effectifs vont peser sur les conditions de travail, tandis qu’un développement de l’activité à l’étranger (et notamment au Maroc) fait planer une menace sur l’avenir de sites en France. Autant de conséquences sociales, sous-jacentes au nouveau plan stratégique du constructeur automobile, qui sera officiellement dévoilé le 10 février par le PDG, Carlos Ghosn, fort d’un chiffres d’affaires 2010 qui flirte avec les 39 milliards d’euros, soit en hausse de 15,6 % par rapport à 2009. Un plan qui, selon le journal la Tribune, affiche l’objectif de vendre 3 millions de véhicules en 2013 et d’atteindre une marge opérationnelle de 5 %. Cet indicateur de performance est repassé en positif en 2010 à 2,8 %, contre – 1,2 % en 2009 (avec 2,3 millions de véhicules vendus).
Si les preuves continuent de manquer dans l’affaire d’espionnage présumée dont Renault serait la victime, il semble que les baisses d’effectifs alliées à une augmentation des cadences soient, quant à elles, de plus en plus précises, au sein d’un groupe dont l’État reste le premier actionnaire.
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