Laïcité : « dé tricotage » de la loi de 1905

Posté par communistefeigniesunblogfr le 31 décembre 2010

Laïcité : 29 décembre 2010 – Lina Sankari

La laïcité défigurée par la droite et son extrême

 

Financement public des lieux de culte et des salles de prière, subsides versés aux écoles confessionnelles… La loi de 1905 est de toutes parts attaquée. Dernièrement, l’extrême droite a profité de la brèche ouverte et des hésitations politiques pour se poser en unique défenseure de la laïcité.

Le « toilettage » de la loi de 1905 a conduit à de dangereux glissements. Voire à la lente destruction des principes fondateurs de la loi sur la laïcité. En 2006, à la demande du ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Machelon, professeur de droit, propose dans un rapport de faciliter les financements des lieux de culte par la puissance publique à partir du postulat selon lequel « les fidèles de deux confessions récentes, l’islamisme et le christianisme évangélique, rencontrent de réelles difficultés pour pratiquer leur culte ».

Si le rapport n’a pas eu de suites, la bataille idéologique était relancée. En l’occurrence, l’idée de financement public des cultes revenait de fait à rayer d’un trait de plume l’un des articles inscrit dans la loi de 1905 : « La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte. »

Ces dernières semaines, le débat sur la laïcité est bel et bien revenu par la petite porte du financement des lieux de culte. En réponse à la sortie de Marine Le Pen, qui comparait les prières de rue à l’occupation nazie, et donnait à son combat xénophobe les atours de la laïcité, une partie des responsables politiques a préféré occuper le terrain de la construction des lieux de culte. Et a ainsi donné un coup de canif supplémentaire à la laïcité, qui constitue pourtant l’un des marqueurs idéologiques de la gauche.

« En ce qui concerne la pratique religieuse des musulmans, il faut tout simplement qu’on leur permette de pratiquer leur culte dans des conditions correctes et pas dans des caves ou dans la rue… Chaque municipalité doit faire des efforts », a, par exemple, asséné Laurent Fabius, pour le Parti socialiste.

Les terrains abandonnés à l’extrême droite

Les hésitations ou la peur de valider le discours de l’extrême droite ont conduit à des errements, selon le socialiste Razzy Hammadi, secrétaire national chargé des services publics : « L’extrême droite ne prospère que sur les terrains qui semblent abandonnés par les partis traditionnels, et la laïcité en est un. »

D’autant qu’« il s’ouvre dans ce pays une salle de prière évangélique ou musulmane par semaine. Certains lieux de culte sont vides mais d’autres, souvent radicaux, attirent les foules. Ils n’ont pas plus à bénéficier du droit de déborder sur la rue qu’une association d’aérobic dont le prof serait très recherché… », rappelle la journaliste Caroline Fourest, qui recense 2 600 salles de prière à travers le territoire. Et détruit ainsi le mythe de l’islam des caves.

La droite n’est pas en reste lorsqu’elle fait allégrement financer par les contribuables les écoles confessionnelles. Dernière illustration en date de cette laïcité à géométrie variable : le 1er décembre dernier, le sénateur UMP Jean-Claude Carle fait voter un amendement à la loi de finances pour 2011 octroyant 4 millions d’euros – l’équivalent de 250 postes d’enseignants – aux établissements privés sous contrat. De même, sur les 16 000 postes d’enseignants supprimés en 2011, seuls 10 % concerneront le privé confessionnel, qui n’accueille que 17 % des élèves. « Rigueur pour le public, faveurs pour le privé », rappelait l’Unsa éducation, qui précisait, par la voix d’un de ses secrétaires nationaux, Luc Bentz, que l’enseignement privé « bénéficie aux enfants les plus privilégiés ». Pour mémoire, la loi Carle de 2009 avait déjà permis à l’enseignement privé de récupérer entre 150 et 250 millions d’euros annuels de financements locaux en imposant aux maires de financer la scolarité des enfants inscrits dans une école privée hors de la commune. Plus largement, depuis 1959 et la loi Debré, l’État accorde toujours une aide aux écoles privées qui souhaitent passer un contrat avec la puissance publique.

La spiritualité plutôt que l’engagement politique

Pour achever de vider la loi de 1905 de son contenu, dans son livre paru en 2004, la République, les religions, l’espérance, Nicolas Sarkozy appelait les jeunes des banlieues « qui concentrent toutes les désespérances » à « espérer spirituellement plutôt que d’avoir dans la tête, comme “seule religion”, celle de la violence, de la drogue ou de l’argent ».

L’engagement spirituel, donc, plutôt que l’engagement politique qui pourrait éventuellement mener la jeunesse vers le terrain de la contestation de son action.

 

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