Seniors, génération sacrifiée
Posté par communistefeigniesunblogfr le 8 novembre 2010
8 novembre 2010 – Alexandra Chaignon
Le travail dans tous ses états
Campagne de communication et plans gouvernementaux se succèdent pour enrayer la tendance française à écarter les salariés de l’emploi à partir de cinquante ans. En vain. Les plans de suppressions d’emplois continuent de toucher en priorité cette classe d’âge. Le chômage des seniors explose.
«Le report de l’âge légal de départ à la retraite permettra d’augmenter le taux d’activité des seniors. » Le ministre du Travail, Éric Woerth, n’a cessé de marteler cet argument durant le débat sur la réforme des retraites. Parlons-en, justement, de l’emploi des seniors… ou plutôt du chômage des seniors. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. En un an, le chômage des quinquas a progressé de 16,3 %, atteignant 6,6 % au premier trimestre 2010. Et début 2008, il n’était que de 4,9 %. Un chiffre d’autant plus préoccupant que les seniors sont plus exposés au chômage de longue durée.
Pourquoi les travailleurs de cette classe d’âge deviennent-ils inemployables ? Usure due aux conditions de travail, formations inadaptées ? Le fond du problème est autrement plus terre à terre : dans notre société, le chômage des « vieux » est simplement plus acceptable. « Cela tient à l’existence à ces âges (plus de cinquante-cinq ans) de conditions d’indemnisation du chômage qui permettent d’attendre l’âge de la retraite du taux plein en situation d’inactivité », expose Jean-Olivier Hairault, professeur d’économie à l’université Paris-I. Les chiffres concordent avec ce raisonnement : cinquante-huit ans, c’est l’âge médian de sortie d’activité en France. Et 40 % des personnes qui font valoir leur droit à la retraite ne sont déjà plus en activité.
« L’âge est devenu un critère légal pour dispenser les seniors d’emploi, analyse la sociologue Anne-Marie Guillemard, spécialiste de l’emploi des seniors. Les politiques RH des entreprises se sont calquées sur des dispositifs politiques de segmentation par l’âge, appliquant le système des préretraites comme la panacée. Le résultat a été un jugement négatif, qui a accru la vulnérabilité des plus âgés face à l’emploi. De plus, les seniors sont considérés comme non reclassables, et les entreprises hésitent à les former, à les promouvoir, bien souvent dès quarante-cinq ans. Leur seule issue est alors la marche vers la sortie, laquelle commence de plus en plus tôt. Dès quarante-cinq ans, vous êtes un demi-vieux car les signaux négatifs se font déjà sentir. »
Et les choses ne vont pas en s’améliorant. Avec la suppression des préretraites (loi Fillon) et l’abaissement à quarante-cinq ans de l’âge de protection dans l’emploi, liée à l’amendement Delalande, les entreprises contournent la loi, par des licenciements pour faute professionnelle grave, par des congés de maladie longue durée ou encore par des ruptures conventionnelles. Ce mode de séparation « à l’amiable » entre salarié et employeur a d’ailleurs connu une montée en charge spectaculaire en deux ans, avec 400 000 ruptures conclues. Une procédure largement utilisée par les entreprises pour alléger leurs effectifs de seniors, dans un cas sur cinq, reconnaît le gouvernement.
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Repères
Le taux d’emploi des seniors est resté quasi stable ces dernières années. Il est passé de 37 % en 2003 à 38,9 % en 2009.
- Dans le Nord-Pas-de-Calais, le chômage des plus de cinquante ans a augmenté de 15 % en un an.
- En Aquitaine, fin 2007, 25 500 seniors recherchaient un emploi après un licenciement. En moyenne, ils restaient inscrits vingt mois à l’ANPE.
- En Franche-Comté, 36,2 % des personnes âgées de cinquante-cinq à soixante-quatre ans ont un emploi. Et un licenciement sur deux touche un senior.
- En Côte-d’Or, le chômage des seniors a augmenté de 22,5 % en quinze mois (de janvier 2009 à mars 2010).
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