Lyon, place Bellecour, le 21 octobre 2010 : 6 heures de garde à vue collective sur ordre du préfet !
Posté par communistefeigniesunblogfr le 25 octobre 2010
publié par Cezarine (militante associative) – 25 octobre 2010
URL de l’article : http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=17086
Lyon, témoignage d’une étudiante, édifiant !
Auteur : Cezarine
Il me semble important de faire circuler ce témoignage, qui m’est parvenu d’une source sure. Et ce au moment où le gouvernement essaie par tous les moyens de ridiculiser ceux qui essaient de démontrer la violence policière provocatrice (cf les journalistes du Monde et de Itélé face à Melenchon sur France Inter hier soir)
« Jeudi 21 octobre 2010. Témoignage des événements de la Place Bellecour, Lyon.
J’arrive un peu après 12h sur la Place Bellecour, accompagnée de plusieurs ami(e)s étudiant(e)s. Une manifestation d’étudiants et de lycéens en partenariat avec la CGT et SUD, est prévue pour 14h Place A. Poncet, située à l’angle de celle de Bellecour. De nombreux jeunes sont présents, en majorité des lycéens et collégiens. On franchit un cordon de policiers pour entrer sur la place. Ceux-ci sont placéspar plusieurs dizaines à toutes les sorties de cette place publique, une des plus grandes de France. Ils sont équipés d’armures des pieds à la tête, casque, bouclier, matraque, pistolet… Se trouvent également un camion du GIPN (groupe d’intervention de la police nationale, qui eux ont un camion blindé et sont cagoulés) et deux camions à eau anti-émeute. Un hélicoptère survole le lieu à basse altitude. Une demi-heure plus tard, suite à quelques pierres lancées en direction des policiers et de leurs véhicules, les flics se mettent en action et lancent les fusées lacrymogènes. Dispersion de la foule.
Vers 13h30 nous commençons à nous rapprocher de la Poste, d’où part la manifestation. Le cordon policier est toujours présent et sépare les manifestants qui sont déjà sur la place Bellecour de ceux qui sont sur la place A. Poncet. Ils refusent de nous laisser passer. Après une demi-heure de discussion, les syndicats aidant probablement, ils finissent par ouvrir le cordon et laissent passer une trentaine de personnes avant de le refermer brutalement, lorsque apparemment la population qui passe ne répond plus aux critères du « bon manifestant » (la peau claire, pas trop jeune, pas de survêtement ni capuche). Plus personne n’a le droit de sortir de Bellecour. La tension monte. Quelques projectiles sont jetés, auxquels les policiers répondent matraques levées par des fusées lacrymogènes . Pendant plus d’une heure nous essayons, en vain, de rejoindre l’autre partie des manifestants, qui nous attendent, de l’autre côté. Eux aussi se font gazer. La foule de Bellecour est dispersée.
A 15h30, finalement, les manifestants « libres » décident de partir en cortège. Nous, on attend. On est plusieurs centaines sur la Place. Celle-ci est relativement calme. On attend, éparpillés par petits groupes sur l’ensemble de la place. Les flics disent qu’on pourra ressortir quand la manifestation sera partie. On attend. L’hélicoptère tourne au-dessus de nous dans un bruit assourdissant. Il y a quelques mouvements de foule mais la scène reste calme. A vrai dire, on se fait chier. Croyant seulement partir en manifestation, je n’ai rien pris avec moi, ni eau, ni nourriture, ni occupation. J’attends, comme tous les autres. Un peu plus tard nous décidons de nous en en aller avec une amie. Mais les flics refusent toujours de nous laisser passer. Il doit être aux alentours de 16h30, cela fait trois heures qu’ils nous retiennent. Je leur dis mon envie de pisser et de manger, mais pas moyen. Je commence à en avoir sérieusement marre, et prends conscience de la rétention forcée que je subis. Les flics nous disent que c’est un ordre du préfet, et qu’ils ne savent quand ils auront l’autorisation de nous laisser sortir. A un ami qui demande s’il serait possible d’amener un ballon de foot de l’extérieur, histoire de s’occuper, le flic répond qu’il n’a qu’à prendre la vessie bien gonflée de la jeune fille qui vient de demander à sortir pour aller aux toilette, avant de s’esclaffer avec ses collègues.
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