Ce soir, en prime time sur France2 : Les Vivants et les Morts de Gérard Mordillat
Posté par communistefeigniesunblogfr le 6 octobre 2010
Editorial par Jean-Emmanuel Ducoin
L’espoir des Vivants
Puisque l’inhabitable et l’irrespirable nous servent de décor quotidien, glacés que nous sommes par la froideur de la marchandisation et l’ensauvagement du monde dit du travail, il est essentiel que des artistes sachent encore conjuguer horizon et frontière, gravité et espoir, engagement et dignité. Après la publication de son roman, les Vivants et les Morts, qui, en 2005, avait rencontré en son ampleur l’écho du peuple, jamais Gérard Mordillat n’aurait imaginé qu’il puisse un jour le porter à l’écran. Pensez donc ! De Cellatex à Moulinex, en passant par Metaleurop et tant d’autres exemples aussi macabres les uns que les autres, de nombreux drames sociaux avaient inspiré sa fresque romanesque narrant la fermeture d’une usine. Qui aurait osé financer et assumer un tel projet, surtout à la télévision ?
Poser encore la question, alors que le projet a vu le jour, en dit long sur le petit miracle vécu par Mordillat et toute son équipe. Puisque l’occasion nous est donnée, saluons le courage de Jean Bigot, l’ancien directeur de la fiction à France 2, poussé depuis vers la sortie, grâce auquel cette série de huit épisodes sera diffusée dès ce soir sur France Télévisions. Certains héritages sont plus vivants que d’autres… Car les téléspectateurs doivent le savoir. Ceux qui se retrouveront devant leurs écrans, en prime time (!), vont ressentir un choc télévisuel comme on en voit peu en Sarkozye – et comme on en verra peu d’ici à 2012. À l’heure où l’action publique est profanée, où tous les faire-croire gisent au sol sous les assauts de l’atomisation sociale, les Vivants et les Morts nous raconte une histoire hélas ordinaire. Celle d’une usine et de ses ouvriers dont des lointains groupes financiers ont décidé de se débarrasser après en avoir pillé les actifs, au nom de la sainte rentabilité. La vie telle qu’elle est nous explose alors à la figure. Dans le détail. Jusque dans l’intimité des foyers des salariés, tandis qu’ils iront au bout pour défendre leur emploi. Et leur dignité.
Si la crise économique mondiale nous paraît hors-sol, la misère sociale, elle, a des racines si profondes qu’elles broient les hommes palpitants et hurlants. Cette série majuscule redonne des visages et une âme aux victimes de l’horreur sociale : le pays de Jaurès et d’Hugo dit « merci ». Les néocapitalistes aimeraient nous faire croire que la réalité économique est un paysage complexe aux mécanismes financiers trop sophistiqués pour s’en mêler, que la responsabilité des puissants s’évanouit dans une sorte d’opacité légitime… Cette illusion masque en vérité le caractère impitoyable des relations sociales, le cynisme anonyme des détenteurs du capital, la déshumanisation à laquelle sont soumis des salariés rendus vulnérables par la précarisation…
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Présentation de la série de France 2 et d’Arte « Les Vivants et les Morts », écrite et réalisée par Gérard Mordillat avec extraits et interviews de l’équipe.
http://www.dailymotion.com/video/xf01ee
http://www.dailymotion.com/video/xf01ee_les-vivants-et-les-morts-preview_creation
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