Roms – Anne-Marie Gouvet : « Je ne peux pas cautionner cette politique »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 27 août 2010
Source : Laissezpasser.info/ – Par Marie Barbier – 24 août 2010
« Je ne peux pas cautionner cette politique »
Après le Père Arthur qui a renvoyé, dimanche dernier, sa médaille du mérite au ministre de l’Intérieur, c’est Anne-Marie Gouvet, médecin anesthésiste, qui a annoncé hier sa décision de renoncer à la légion d’honneur pour protester contre la politique menée par le gouvernement français à l’égard des Roms. Cette sexagénaire engagée dans l’humanitaire depuis trente ans a écrit au président de la République pour refuser ses honneurs.
Vous avez décidé de renoncer à la légion d’honneur qui devait vous être remise en janvier. Pourquoi ? C’est mon fils qui avait fait la démarche pour que je la reçoive, je n’étais pas au courant. Elle m’est remise pour mes actions humanitaires : ces trente dernières années, j’ai parcouru le monde, les guerres, les tremblements de terre, les camps de réfugiés, le Rwanda, l’Afghanistan, etc. Initialement, je trouvais que c’était beaucoup d’honneurs pour moi, mais je trouvais touchante la démarche de mon fils donc je lui ai dit d’accord. Et puis il y a eu les expulsions d’Afghans (par charter en septembre 2009, NDLR) et toute cette politique d’exclusion des sans-papiers, des réfugiés, etc. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase c’est lorsque j’ai vu un reportage, la semaine dernière, sur l’évacuation d’un camp de Roms. Un papa était assis dans la boue avec un bébé dans les bras, à côté de gamins en guenilles. Je me suis vue dans un camp de réfugiés au Kossovo ou au Rwanda et je me suis dit que ce n’était pas possible qu’en France, qui se targue d’être le pays des droits de l’homme, il se passe des choses comme ça. Dans la mesure où cette médaille devait m’être décernée pour mes convictions humanitaires, je ne m’imaginais pas repartir dans quelques semaines en Afghanistan ou ailleurs avec la légion d’honneur, c’est complètement en dehors de mes principes. J’ai donc écrit à Nicolas Sarkozy pour lui dire que je n’en voulais pas, parce que je ne voulais pas cautionner cette politique.
Vous pensez que votre décision peut faire bouger les lignes ? Je pense qu’au niveau politique ça ne changera strictement rien. Mais refuser la légion d’honneur est un geste extrêmement rare, très peu de gens le font, les gens se battraient plutôt pour l’avoir… J’espère que ma décision fera un peu réfléchir l’opinion publique.
Entretien paru dans l’Humanité du 25 août 2010
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