Vous avez décidé de renoncer à la légion d’honneur qui devait vous être remise en janvier. Pourquoi ? C’est mon fils qui avait fait la démarche pour que je la reçoive, je n’étais pas au courant. Elle m’est remise pour mes actions humanitaires : ces trente dernières années, j’ai parcouru le monde, les guerres, les tremblements de terre, les camps de réfugiés, le Rwanda, l’Afghanistan, etc. Initialement, je trouvais que c’était beaucoup d’honneurs pour moi, mais je trouvais touchante la démarche de mon fils donc je lui ai dit d’accord. Et puis il y a eu les expulsions d’Afghans (par charter en septembre 2009, NDLR) et toute cette politique d’exclusion des sans-papiers, des réfugiés, etc. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase c’est lorsque j’ai vu un reportage, la semaine dernière, sur l’évacuation d’un camp de Roms. Un papa était assis dans la boue avec un bébé dans les bras, à côté de gamins en guenilles. Je me suis vue dans un camp de réfugiés au Kossovo ou au Rwanda et je me suis dit que ce n’était pas possible qu’en France, qui se targue d’être le pays des droits de l’homme, il se passe des choses comme ça. Dans la mesure où cette médaille devait m’être décernée pour mes convictions humanitaires, je ne m’imaginais pas repartir dans quelques semaines en Afghanistan ou ailleurs avec la légion d’honneur, c’est complètement en dehors de mes principes. J’ai donc écrit à Nicolas Sarkozy pour lui dire que je n’en voulais pas, parce que je ne voulais pas cautionner cette politique.