Une « dérive » xénophobe très calculée

Posté par communistefeigniesunblogfr le 19 août 2010

Accueil 18 août 2010 – Sébastien Crépel

 

Une « dérive » xénophobe très calculée

Une

 

Au-delà de la manœuvre de diversion, l’offensive lancée contre les Roms et les gens du voyage s’inscrit dans l’entreprise sarkozyste de « rupture » avec l’édifice républicain pour lui substituer la « société du risque » chère au Medef.

Où s’arrêtera la dérive ultra-droitière de la politique sarkozyste ? Celui qui se présentait comme le « président de tous les Français » au lendemain de son élection en 2007, ne cesse désormais de les opposer les uns aux autres. Le tout sur fond de confusion entretenue entre immigration et délinquance. La « guerre nationale aux voyous » décrétée par le président de la République glisse ainsi de jour en jour vers une guerre d’intolérance contre la différence, qu’elle soit d’origine ou de mode de vie : gens du voyage montrés du doigt (bien que Français !) et discriminés dans un amalgame avec les Roms eux-mêmes pourchassés et expulsés du territoire, Français naturalisés ou d’origine étrangère menacés de déchéance de leur nationalité…

Dans l’entreprise de criminaliser une partie de la population aux yeux d’une autre, un garde-fou est tombé, à lire l’éditorialiste du Figaro, qui reprend à son compte les propos de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, en écrivant, dans l’édition de mardi : « On ne peut plus longtemps refuser d’admettre qu’il existe un lien entre l’immigration et la délinquance. » Signe que la dérive ne connaît plus de limites, ceux qui ne cèdent pas à ces amalgames xénophobes sont taxés de « laxistes » et rendus responsables de la montée de la violence que le pouvoir excite plutôt qu’il ne cherche à l’endiguer. Un nouveau cap a été franchi avec l’appel du ministre de l’Industrie et maire UMP de Nice, Christian Estrosi, à infliger une « très forte amende » aux villes qui « ne se conforment à pas leurs obligations de sécurité » (lire notre édition du 16 août). Dans le collimateur, les maires de l’opposition, mais aussi tous les élus qui s’alarment de la démolition du modèle républicain, y compris à droite, à l’instar du député villepiniste Jean-Pierre Grand jugeant « ignoble » la dérive du pouvoir.

Diviser les mécontents

Nicolas Sarkozy a bien sûr en tête l’élection présidentielle de 2012. Il s’agit de mener une opération de division de grande ampleur pour masquer son bilan social calamiteux et désamorcer la contestation de sa réforme des retraites, qui devrait connaître un nouveau pic lors de la journée du 7 septembre. En reprenant à son compte les thèmes favoris de l’extrême droite, il espère conserver le cœur de son électorat, et détourner la colère des mécontents en remettant en selle le FN, dans le but d’affaiblir et de diviser ses opposants.

Mais l’opération va au-delà et porte sur le fond de l’entreprise sarkozyste : d’ici à 2012, la droite entend bien achever l’ébranlement de l’édifice républicain entamé en 2007 sur le thème de la « rupture ». Rupture avec la devise « Liberté, égalité, fraternité », mais aussi rupture avec les conquêtes sociales de la Libération, comme l’avait théorisée dans un éditorial célèbre (Challenges du 4 octobre 2007) la tête pensante du Medef, Denis Kessler, voyant dans l’élection de Nicolas Sarkozy l’occasion de « défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ».

[Lire la suite sur : humanite.fr/]

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