Jusqu’où iront-ils ?
Posté par communistefeigniesunblogfr le 19 août 2010
Lu sur : Politis.fr – 18 août 2010
La colère et la honte
par
Le texte que vous lirez ci-dessous n’est pas de moi …
Il est d’un honnête homme, d’un citoyen, d’un républicain qui, comme tant d’entre nous, ne supporte plus
ce que le voyou de l’Élysée et sa clique ont fait de notre pays.
Autant, et peut-être plus encore que nous, tant Rémi Thivel (c’est son nom) est familier de l’air des cimes. Ce Pyrénéen est en effet guide de haute montagne, et, outre ses « notes d’actu » comme celle qui suit, vous pourrez voir sur son site de superbes photos …
Il écrit donc ceci :
Voici des images tournées dans une obscure république où un petit homme sans esprit, soutenu par une bande de copains patrons de presse, barons de la finance, empereurs du pétrole et du béton a fini par prendre le pouvoir, au bénéfice de discours populistes, basés sur l’opposition entre les différentes classes sociales, la peur de l’autre et des recettes simplistes dignes des meilleures brèves de comptoirs.
En trois ans, le messie gigotant sur son trône a pris le contrôle direct des télés et radios publiques où les humoristes trop satiriques ont été muselés. Il vidéo-surveille, traque, relève l’ADN d’une large partie de sa population, garde à vue tout suspect, tente de démanteler les garde-fous d’une justice qui devrait faire la part belle aux puissants.
Son équipe et lui pillent petit à petit tous les biens collectifs. Ils les refilent à leurs copains des groupes privés dont ils ont longtemps côtoyé les conseils d’administration. Le discours, aussi bien huilé que faux, consiste à dire que la concurrence fait baisser les prix. Pourtant, la vie n’a jamais été aussi chère. Toute autre proposition de modèle économique est immédiatement taxée d’ultra-gauchisme aux relents staliniens. Cela permet de faire oublier que lorsqu’on dîne ensemble ou que l’on voyage sur les mêmes jets privés, on arrive aisément à s’entendre pour maintenir les prix hauts et continuer s’engraisser entre gens de bonne compagnie, sur le dos de salariés sous pression, devenus une variable d’ajustement entre toutes.
Ils rognent sur la santé, ne reversent pas les taxes pour mieux creuser le trou de la sécurité sociale et ainsi peu à peu justifier sa privatisation, car vous comprenez, ça ne peut plus durer. Ils nous pondent régulièrement des enquêtes démontrant que l’éducation nationale ne fait pas son boulot et que les profs du public sont tous des fainéants. Nous ferions bien de confier nos gamins aux écoles privées.
Ils rejètent tout système de répartition, la vie c’est chacun pour soi, la réussite consiste à en avoir une plus grosse que son voisin. Il faut être toujours plus rentable, plus performant. Il convient de garder un maximum de gens juste au-dessus du seuil de pauvreté, sous contrats précaires, travaillant le dimanche, la nuit, vivant dans des logements insalubres hors de prix. Le travailleur pauvre est idéal car il ne se révolte pas, lui au moins a un travail, alors il est docile, il pourrait tout perdre.
Une bonne dose de société du spectacle par accompagner tout ça et le tour est joué : des séries policières en permanence édulcorent l’image des forces de l’ordre. Des reality show pitoyables font en sorte que tout se vaille, tout se ressemble. Des journalistes passifs sans répartie interviewent nos gouvernants. Des people sans talents sont censés devenir nos modèles. Tout pour rendre nos cerveaux disponibles. Le bonheur passe désormais par une consommation compulsive d’objets souvent inutiles et obsolètes sitôt achetés.
Aujourd’hui, le petit homme trépigne car il a beau avoir choisi une poupée (sans voix) comme épouse pour impressionner le populo, il a beau faire plein de moulinets avec ses petits bras, multiplier les voyages dans des jolis avions tous neufs pour visiter les grands de ce monde, rien n’y fait : il n’est plus très populaire, et ça, c’est insupportable. Près à tout pour parvenir à ses fins, peu soucieux de bafouer le fonction présidentielle et de s’asseoir sur la République, il n’a pas d’autre solution que de tapiner à l’extrême droite, comme il l’avait fait pour son élection, en attisant alors la haine dans les banlieues qui s’étaient enflammées.
En plein chassé-croisé, au moment où tout le monde a le poste branché sur l’autoroute des vacances, il nous sort une carte aussi nauséabonde que connue, celle des boucs émissaires : pour l’heure, les jeunes de banlieues et les roms. Voici nouvellement crées des sous-catégories de Français, présumés coupables. Il menace de leur retirer la nationalité, une proposition aussi démagogique qu’inapplicable. Il ne sait même plus ce qu’il raconte : le droit international interdit de fabriquer des apatrides, la plupart des Français n’ont en effet pas de double nationalité. La constitution stipule que les Français sont égaux en droit quelle que soit leur origine mais peu importe, l’impact médiatique est là, la solution est simple, on s’occupe enfin de nous.
Les jeunes des banlieues cassent, brûlent, insultent. Tous les clichés sont bons à exploiter. Allons nous régler le problème en les stigmatisant encore un peu plus, en leur déclarant une « guerre nationale » ? L’objectif est clair : répandre la graine du désordre, afin de justifier toutes les dérives sécuritaires.
Puis il y a les Roms, éternels parias. Le petit homme propose de détruire leurs camps illégaux. Parfait pour semer le trouble dans nos campagnes et rallier les fachos. Il oublie juste que presque tous les camps sont illégaux car seulement 20% des communes répondent à l’obligation faîte par la loi de mettre à disposition un terrain pour les gens du voyage. Alors on en fait quoi d’eux ? On brûle leurs caravanes ? On les chasse comme en Italie où des milices de voisinages s’organisent ?
Surtout, après eux, qui ? Les homosexuels qui portent atteinte aux bonnes moeurs ? Les handicapés qui servent à rien ? Les vieillards qui creusent le trou de la sécu ? Ceux qui votent à gauche de la droite dure ?
Lorsque nos grandes puissances se goinfrent en pillant les ressources d’un tiers-monde toujours plus pauvre, sans que les populations ne bénéficient de quoi que ce soit, entretenant des régimes corrompus, doit-on s’étonner que des gens cherchent à fuir, aspirent à une vie meilleure en tentant de rejoindre nos pays ? Qui souhaiterait quitter sa famille et les siens pour s’expatrier à l’autre bout du monde, parce que c’est ça ou la famine, ça ou la torture ? A quel désespoir faut-il être livré pour embarquer sur une frêle embarcation vers l’Europe au péril de sa vie en laissant ses proches ?
Le petit homme aux instincts guerriers et ses copains marchands d’armes sont en Afghanistan. Il faut se préoccuper du sort de la femme musulmane (juste quand elle est loin alors). Il faut lutter contre les terrorismes, que nous entretenons par ailleurs par des ventes d’armes obscures. Tout est bon à prendre en business. Quelques bavures de temps en temps, 50 villageois tués la semaine dernière, permettent d’attiser le ressentiment. Pourtant, tout afghan opposé aux forces internationales est qualifié d’insurgé, de terroriste. Il fut un temps dans d’autres contrées où nous appelions plutôt ce type de combattants des résistants. Le terrorisme a bon dos : personne ne dit trop fort que gisent en Afghanistan plus de 1000 milliards de dollars de lithium, l’énergie de l’avenir pour alimenter nos ordinateurs, nos iPhone, et nos prochaines bagnoles.
En témoigne ce film, aujourd’hui dans son propre pays, même la femme et l’enfant ne sont rien si leur couleur de peau ne convient pas.
Il y a des jours où j’ai envie de chialer…
Rémi Thivel
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