le 13 Août 2010
Croissance : la France dans le peloton de queue
La ministre de l’Économie s’enflamme pour un chiffre partiel de la croissance au second trimestre, de 0,6%. A y regarder de près, la réalité est moins rose.
Pour Christine Lagarde la ministre de l’Économie, le chiffre de 0,6% de croissance au second trimestre 2010 est « magnifique ». La France se situe pourtant avec ce chiffre dans le peloton de queue de la zone euro, juste devant le Portugal, l’Italie, le Luxembourg, Chypre et l’Espagne. La ministre de l’Économie s’enthousiasme devant les micros pour un chiffre « un peu meilleur que prévu », grâce à l’investissement des entreprises et à la consommation des ménages qui repartent à la hausse. La prévision 2010 de 1,4% sera tenue, assure encore Lagarde.
Elle n’a fourni en revanche aucune indication sur la prévision de croissance de 2,5% pour 2011, que les économistes (et le Fonds monétaire international) jugent excessivement optimiste. « On est en train d’entrer dans un cercle vertueux qui allie consommation, investissement et emplois », s’est félicitée Christine Lagarde sur Europe 1, allant jusqu’à parler d’un « magnifique 0,6% » pour la croissance. « La croissance économique en France a été relativement forte mais ce chiffre n’a rien de ‘magnifique si l’on accepte de le regarder en détail », tempère Nicolas Bouzou, économiste au cabinet Asterès. Les variations de stocks ont en effet contribué à hauteur de 0,6 point à la hausse du produit intérieur brut, relève-t-il. « Autrement dit, si l’on enlève le PIB ‘stocké’ qui attend dans les entrepôts pour regarder l’évolution du PIB ‘vendu’, la croissance est de … zéro ! ». « Et si elle est de zéro, c’est parce que la contribution du commerce extérieur a été négative de 0,4 point ».
Les exportations françaises ont progressé de 2,7%, moins que la hausse de 4,2% des importations, alors que les économistes espéraient un coup de pouce de la reprise du commerce mondial et du taux de change euro/dollar plus favorable. « Finalement, l’économie française retrouve ses travers d’avant-crise », analyse Nicolas Bouzou. « Une demande intérieure dynamique, mais largement satisfaite par les importations et qui peine donc à entraîner la croissance ».
Plus sensible aux exportations, l’économie allemande a enregistré en revanche une croissance historique depuis la réunification de 2,2% au second trimestre, un chiffre qui a amené le gouvernement allemand à porter sa prévision 2010 à plus de 2% au lieu de 1,4% jusqu’ici.