L’ÉDITO DE L’HUMANITÉ : Urgence absolue !
Posté par communistefeigniesunblogfr le 5 juin 2010
Par Jean-Emmanuel Ducoin
Urgence absolue !
Dans l’échelle de l’horreur sociale, le pays d’Hugo et de Jaurès a franchi une étape dramatique.
Les associations caritatives crient « famine », elles appellent « au secours », disent leur « détresse » de ne plus pouvoir assurer les « missions élémentaires » que la société attend désormais d’elles, ultimes gestes de dignité, de solidarité. Imagine-t-on la signification exacte de ces simples mots ? La France du XXIe siècle prend-elle la mesure de l’ampleur de cette réalité, qui assigne à toute la collectivité autre chose que de la compassion… Face à ce qu’il faut bien appeler l’explosion des demandes, toutes les organisations, dans tous les départements, se voient dans l’obligation de restreindre leurs distributions aux plus démunis, parfois de les suspendre, voire, la mort dans l’âme, de refuser de nouvelles inscriptions.
Le souffle nous manque pour décrire la situation. Dans l’échelle de l’horreur sociale, le pays d’Hugo et de Jaurès a franchi une étape dramatique. N’ayons pas peur des mots. Quand la souffrance se transforme en « sous-France », c’est la République, et avec elle son idéal originel d’égalité, qui vacille sous les assauts de la grande pauvreté. Pour des millions de citoyens, broyés sous le laminoir d’un paysage économique lui-même dévasté, les conditions d’existence atteignent un tel degré d’atomisation sociale que les actes élémentaires de la vie quotidienne se transforment en survie. Prises dans l’engrenage infernal, les familles crient dans un silence si assourdissant que, tôt ou tard, l’obscurité même se déchirera sous nos yeux. Qui veut, toujours, ne pas voir ? Qui détourne, encore, le regard ? Aussi longtemps qu’il faudra l’écrire, avec au bout des mots cette urgence révoltée plus légitime que jamais, nous répéterons que les difficultés d’hier, qu’on pouvait jadis « apaiser » de-ci de-là, ont changé d’intensité. Ce sont dorénavant des drames quotidiens qui se nouent dans les ventres et dans les têtes. Ils ruinent et épuisent le quotidien, effacent et obscurcissent l’horizon.
La crise économique mondiale nous paraît hors sol, mais la misère, elle, a des racines si profondes qu’elles labourent les entrailles de la société.
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